Soudan: le Sud et le Nord ont intérêt à un règlement à l'amiable sur le pétrole

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KHARTOUM (AFP)

Le partage de l'or noir, source de revenus vitaux et de divergences entre le Nord et le Sud du Soudan, est au coeur de négociations à partir du 1er mars, les analystes estimant que les intérêts convergents des deux régions devraient assurer un règlement à l'amiable.

"Si les deux parties coopèrent, elles peuvent en tirer des bénéfices, ce dont le Sud en particulier a un besoin vital", dit Egbert Wesselink, qui dirige la Coalition européenne pour le pétrole au Soudan, estimant que le pétrole devrait influer "positivement" sur les relations entre Juba et Khartoum.

Le Nord et le Sud, qui doivent devenir en juillet deux pays distincts dans la foulée d'un référendum d'autodétermination au Sud, ne peuvent exporter du pétrole l'un sans l'autre.Or l'industrie pétrolière représente 40% des revenus du Nord et 95% de ceux du Sud. 

Le Soudan produit actuellement 470.000 barils par jour dont 75% sont pompés dans le Sud, alors que l'industrie pétrolière est implantée et gérée dans le Nord. Toutes les infrastructures, dont les oléoducs, la principale raffinerie du pays, et son seul terminal d'exportation, sont sous la coupe du gouvernement nordiste à Khartoum.

Le contrôle du pétrole est l'un des enjeux ayant mené à deux décennies de guerre civile Nord-Sud, et l'or noir est toujours l'une des pierres d'achoppement entre Juba, la capitale du futur Sud-Soudan, et son ancien ennemi, le gouvernement central de Khartoum. 

Mais M. Wesselink souligne que si Khartoum venait à menacer d'interdire au Sud l'accès aux oléoducs, cela se retournerait contre lui, Juba lui coupant l'accès aux réserves pétrolières.

Les deux parties doivent entamer le 1er mars des négociations à Addis Abeba, avec au centre des débats l'augmentation de la part des revenus pétroliers versés au Sud.Les analystes s'attendent à ce que Khartoum exige de Juba des redevances plus élevées pour utiliser les infrastructures et compenser ainsi sa perte de revenus.

Le Nord cherche en outre à développer sa propre production, avec un programme de prospection très actif et l'objectif d'atteindre 200.000 barils par jour d'ici fin 2012, contre 125.000 bpj actuellement.

Selon le président de la compagnie pétrolière nationale du Nord, Sudapet, Salah Wahbi, le percement de 200 à 250 puits cette année devraient permettre d'ajouter 100 millions de barils aux réserves de l'ensemble du pays, estimées actuellement à six milliards.

Des réserves devraient en outre être mises au jour au Darfour (ouest) et dans la zone de Khartoum.

Un responsable gouvernemental a répété récemment que le Nord-Soudan pourrait produire jusqu'à 500.000 barils par jour d'ici trois ou quatre ans.

Mais les sanctions économiques imposées au Soudan entravent les investissements étrangers dans l'industrie pétrolière et les puits les plus anciens connaissent un important déclin.Les experts sont sceptiques quant aux prévisions de production optimistes soudanaises.

Même les plus optimistes des analystes soudanais reconnaissent qu'il y a un énorme besoin d'investissement.

Parallèlement, de hauts responsables parmi la direction sudiste au sein du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rebelles) disent leur intention de chercher de nouvelles voies pour exporter le pétrole, par exemple via le Kenya, en cas de nouvelles découvertes afin de ne pas rester dépendants de l'infrastructure du Nord.

Mais là encore, selon les experts, des considérations pratiques pourraient dissuader les deux parties de prendre toute décision susceptible de ranimer les animosités. "Mon sentiment est que cela n'arrivera jamais, à moins que Total ne découvre beaucoup de pétrole", a dit M. Wesselink.

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