Les manifestations ont éclaté dimanche dans la zone Wolaita, à environ 300 km au sud-ouest de la capitale Addis Abeba, quand la police a arrêté des personnalités politiques de l'ethnie Wolaita faisant campagne pour la création d'un nouvel État régional.Alemayehu Bawdi, un responsable sécuritaire régional, a indiqué mardi dans une interview avec les médias officiels que cinq personnes avaient été tuées et 15 grièvement blessées.Mais un responsable administratif régional, qui a requis l'anonymat car il n'est pas autorisé à commenter les opérations des forces de sécurité, a fourni à l'AFP un bilan plus élevé d'au moins 16 morts.Des soldats et membres de la police fédérale ont ouvert le feu sur les manifestants en au moins trois endroits dimanche et lundi et ces 16 personnes "ont toutes été tuées par les forces de l'ordre", a-t-il affirmé."Sept personnes ont été tuées dans la ville de Boditi, dont un jeune garçon qui a été touché sous mes yeux. Huit personnes ont été tuées dans la capitale de la zone Wolaita, Sodo, et une dans la localité rurale de Damot Gale", a-t-il déclaré.Le calme était revenu mardi sur place, même si la tension restait forte, ont indiqué des témoins.Ces manifestations ne sont qu'un nouvel exemple de la manière dont l'ouverture prônée par le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la Paix 2019, a libéré des ambitions territoriales locales et d'anciens différends intercommunautaires qui ont débouché sur des violences meurtrières dans de nombreuses régions du pays.La zone Wolaita appartient à la région fédérale des Nations, Nationalités et Peuples du Sud (SNNP - sud), l'une des neuf régions créées dans le cadre du système de fédéralisme ethnique.Mais les Wolaita et plus d'une dizaine d'autres ethnies du sud de l'Éthiopie se plaignent depuis longtemps d'être marginalisés et de n'avoir d'autre choix que de former leur propre région.L'ethnie Sidama, qui fait aussi partie de la région SNNP, avait ainsi voté à une écrasante majorité de 98% en faveur d'une nouvelle région semi-autonome lors d'un référendum d'autodétermination en novembre 2019.Les Wolaita ont réclamé de pouvoir organiser à leur tour un référendum, comme le permet la Constitution, mais aucune date n'a encore été fixée.Les raisons de l'arrestation des dirigeants wolaita ne sont pas claires. La radio-télévision Fana BC, proche du pouvoir central, avait affirmé lundi qu'ils oeuvraient "à créer la méfiance entre le peuple et le gouvernement".Selon Fana, seulement 10 personnes ont été arrêtées. Mais le responsable administratif interrogé par l'AFP a assuré que "des dizaines de personnalités en vue", dont des "intellectuels et jeunes activistes" avaient été placées en détention.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.