Kadhafi agite le spectre d'Al-Qaïda qui refait parler d'elle

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NICOSIE (AFP)

Ignorée par les révolutionnaires en Tunisie et en Egypte qui lui ont préféré les slogans démocratiques, la nébuleuse Al-Qaïda refait parler d'elle, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi agitant le spectre d'une insurrection orchestrée par le réseau extrémiste. 

Mouvement prônant par excellence le renversement des régimes arabes et l'établissement d'un califat islamique, Al-Qaïda a brillé par son absence et son mutisme lors des mouvements de contestation qui ont chassé les présidents tunisien Zine El Abidine Ben Ali et égyptien Hosni Moubarak du pouvoir.

Mais il aura suffi d'une série de déclarations du colonel Kadhafi et d'un communiqué d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) pour que le réseau d'Oussama ben Laden s'invite dans le débat.

"Ces gens n'ont pas de vraies revendications, leurs revendications sont celles de Ben Laden", a déclaré jeudi le dirigeant libyen en référence à ses opposants. Il a en outre accusé Ben Laden et Al-Qaïda de manipuler les jeunes en leur donnant notamment des "pilules hallucinogènes"."Ils profitent du jeune âge de ces gens parce que légalement, ils ne sont pas passibles de sanctions", a-t-il dit, appelant les habitants à arrêter les partisans du chef d'Al-Qaïda.

La veille, Al-Qaïda avait assuré son soutien total aux manifestants libyens, promettant de "faire tout son possible pour aider" l'insurrection. Il est temps pour "l'imposteur, le pécheur et le salaud au coeur de pierre" de Mouammar Kadhafi de connaître un sort semblable aux leaders tunisien et égyptien, selon Aqmi. Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, avait mentionné la mise en place d'un émirat islamique par Al-Qaïda dirigé par un ancien détenu de Guantanamo à Derna, dans l'est.Les habitants de la région avaient démenti ces allégations.

Un câble diplomatique de l'ambassade américaine à Tripoli de juin 2008 révélé par Wikileaks évoquait toutefois la présence de "jihadistes" dans l'est de la Libye, notamment à Derna. L'auteur de ce câble estimait notamment que la présence de ces combattants, passés par l'Irak, l'Afghanistan, le Liban et la Cisjordanie, jouait un rôle auprès des plus jeunes.

Les autorités libyennes avaient accusé en début de semaine un "groupe d'extrémistes islamistes" de retenir en otage des policiers et des civils à Al Baïda, dans l'est.

Selon un responsable libyen, le noyau dur de cette formation était composé d'anciens terroristes liés à Al-Qaïda et libérés récemment.

Dans le cadre d'un programme de réhabilitation de "prisonniers politiques", plus de 360 militants islamistes ont en effet été libérés de prison depuis mars 2010, dont 110 la semaine dernière.

Parmi les militants libérés se trouvaient des jihadistes ayant collaboré avec Al-Qaïda en Irak ou dans le Maghreb, ainsi qu'une quarantaine d'anciens membres du Groupe islamique de combat libyen (Gicl).

Mentionné pour la première fois en 1995, le Gicl a rallié en 2007 le réseau d'Al-Qaïda et réaffirmé la même année sa détermination à renverser le régime du colonel Kadhafi et à le remplacer par un Etat islamique radical.

Selon une analyse de Security Weekly, l'est, notamment Derna, compte de nombreux combattants du Gicl.Mais surtout: "En Egypte et en Tunisie, des régimes militaires forts ont permis d'assurer la stabilité après le départ des présidents".

"Mais en Libye, le dirigeant Mouammar Kadhafi a pris soin d'avoir des forces militaires et de sécurité faibles et donc dépendantes de lui.En conséquence, il n'y a peut-être pas d'institution prête à prendre le relais de Kadhafi s'il chute", ajoute Security Weekly qui craint un "chaos", "environnement idéal pour les jihadistes", à l'instar de la Somalie et de l'Afghanistan.

A l'heure actuelle, les journalistes présents dans l'est de la Libye n'ont toutefois pas fait état de discours extrémistes ou d'opposants appelant Al-Qaïda de leurs voeux.

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