Pendant dix ans, les Zimbabwéens ont dépendu de l'aide alimentaire mais les pluies abondantes de cette année laissent augurer une très bonne récolte 2011.A condition que la politique ne vienne pas perturber le travail des fermiers.
"Contrairement aux trois dernières années, j'ai beaucoup de nourriture dans le champs grâce aux bonnes pluies", se félicite Munyaradzi Mudapakati en montrant ses rangs de maïs aux beaux épis.Cet ancien plombier, reconverti dans l'agriculture en 2007, prévoit de récolter 2,5 tonnes de maïs en mai contre une tonne l'an dernier et se réjouit de pouvoir bientôt nourrir sa famille.
"Depuis dix ans, on dépendait des donations de la communauté internationale et du gouvernement mais cette année, je vais être mon propre chef", espère-t-il.
Une réforme controversée lancée en 2000 par le président Robert Mugabe qui a conduit au départ dans la précipitation et la violence de plus de 4.000 fermiers blanc, et des périodes de sécheresse ont fait chuter la production agricole de l'ancier grenier à céréales d'Afrique australe.
En 2008, la crise a atteint son pic.Près de la moitié des 12 millions d'habitants dépendaient de l'aide alimentaire.La situation s'est ensuite améliorée mais l'ONU lançait encore en décembre un appel aux dons de 415 millions de dollars pour nourrir 1,7 million de Zimbabwéens entre janvier et avril 2011.
Le gouvernement espère toutefois atteindre l'autosuffisance après la récolte."Le pays s'attend à atteindre la sécurité alimentaire et devrait maintenir cette situation à l'avenir", a récemment assuré le ministre de l'Agriculture Joseph Made.
Seul grain de sable: le président Mugabe, 87 ans, au pouvoir depuis l'indépendance en 1980, réclame l'organisation rapide d'élections pour sortir du gouvernement d'union qu'il a été contraint de former en 2009 avec son ancien rival Morgan Tsvangirai.
Si le scrutin a lieu au moment des récoltes, "je risque d'être forcé de faire campagne (...) et cela me fera perdre beaucoup de temps", craint Munyaradzi Mudapakati.
En période électorale, le parti présidentiel, la Zanu-PF, a coutume de recruter en zone rurale - où l'ampleur du chômage maintient les habitants chez eux - pour remplir ses meetings.
"Si des élections ont lieu cette année, les paysans seront recrutés pour faire campagne pour un certain parti", confirme l'économiste Prosper Chitambira de l'Institut de recherche sur le travail et le développement économique du Zimbabwe.
"L'impact sur la production sera peut-être minimal mais de nombreuses heures de travail risquent d'être perdues", poursuit-il."Et les gens sont fatigués des élections car ils savent que les coups et les intimidations n'amènent rien dans leur assiette."
En 2008, après la défaite électorale de la Zanu-PF aux législatives et avant le second tour de la présidentielle, des centaines d'habitants des zones rurales s'étaient réfugiés dans l'incognito de la capitale Harare après avoir été battus ou intimidés.
Malgré tout, Sylvester Ndoro, un autre fermier du district de Chinamhora (au nord de Harare) reste optimiste.L'an dernier, il a récolté 15 sacs de maïs et s'attend à en avoir 23 d'ici peu.
"Cette année on n'a pas eu de sécheresse", se félicite-t-il.Avec un bémol: "on souffre encore d'un manque d'engrais, souvent distribué sur des critères politiques."
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