Dans une décision annoncée lundi soir, le Conseil constitutionnel a validé seulement 4 des 44 dossiers de candidatures à la présidentielle du 31 octobre, écartant de nombreux opposants.
Elu en 2010, réélu en 2015, M. Ouattara avait annoncé en mars sa décision de renoncer à briguer un troisième mandat. Avant de changer d'avis en août, après le décès soudain d'un infarctus de son dauphin désigné le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
L'annonce de cette candidature avait provoqué des affrontements, notamment communautaires, qui avaient fait une quinzaine de morts en août.
Des échauffourées ont eu lieu mardi dans plusieurs localités notamment à Bonoua (sud-est), ville de l'ex-première dame Simone Gbagbo ou dans l'Ouest à Guiglo, Bangolo, Facobly et Duékoué.
La crainte de violences meurtrières à l'approche du scrutin du 31 octobre est forte, dix ans après la crise née de la présidentielle de 2010, qui avait fait 3.000 morts après le refus du président Gbagbo de reconnaitre sa défaite électorale face à Ouattara.
Les autorités ivoiriennes ont prorogé mardi "jusqu'au 30 septembre la mesure de suspension des marches et sit-in sur toute l'étendue du territoire".
- "tyrannique" -
Lundi, le Conseil a estimé qu'avec la nouvelle Constitution de 2016, le pays était entré dans une nouvelle République et donc que le compteur des mandats était remis à zéro, même si le nouveau texte, comme le précédent, limite à deux le nombre de mandats présidentiels.
Un ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo, Pascal Affi N'Guessan, dont la candidature a été validée, a condamné l'exclusion de son ancien mentor comme la "manifestation la plus aboutie du caractère tyrannique du régime".
"Le Conseil Constitutionnel a raté l'occasion historique de marquer son indépendance: en acceptant la candidature du président sortant, manifestement inéligible, en refusant celles du président Laurent Gbagbo et de Guillaume Soro, privés de leurs droits civiques pour de purs motifs d'opportunité politique", a-t-il dénoncé dans un communiqué.
Acquitté en première instance de crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale, M. Gbagbo attend en Belgique un éventuel procès en appel.Ses partisans avaient déposé sa candidature, mais lui-même ne s'était jamais exprimé sur le sujet.
Sa candidature a été invalidée en raison d'une condamnation en janvier 2018 à 20 ans de prison par la justice ivoirienne dans le cadre de la crise de 2010-2011.
- "Etape nouvelle" -
Guillaume Soro, dont la candidature a été jugée irrecevable en raison d'une condamnation par la justice ivoirienne à 20 ans de prison pour "recel de détournement de deniers publics", avait réagi dès lundi soir sur Twitter et Facebook.
"C'est une décision inique, politiquement motivée, juridiquement boiteuse et qui s'inscrit dans une logique d'anéantissement de la démocratie", a affirmé M. Soro, ancien allié de Ouattara qu'il a aidé à accéder au pouvoir en 2010, avant de se brouiller avec lui en 2018.
Dénonçant "le parjure de M. Ouattara", Guillaume Soro, qui vit en exil, a annoncé engager "une étape nouvelle de notre combat pour la démocratie.Elle sera âpre mais nous la gagnerons", a-t-il promis, annonçant qu'il s'exprimerait davantage jeudi.
Il a été conforté dans sa position par la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) qui a "ordonné à l'Etat (ivoirien) "de lever immédiatement tous les obstacles empêchant M. Soro d'être élu notamment lors de la présidentielle d'octobre 2020", selon le texte de l'ordonnance publié sur son site internet
La Côte d'Ivoire a toutefois largement pris ses distances avec cette juridiction basée à Arusha lui retirant en avril "sa déclaration de compétence" et de fait se désintéresse depuis de ses décisions. L'Etat ivoirien, qui a accusé la cour de prendre des décisions "politiques" a même ignoré complétement la procédure.
Mardi, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire de l'ancien président Henri Konan Bédié, dont la candidature a été validée et qui s'annonce comme le principal adversaire de M. Ouattara, a déclaré qu'il ne participera pas aux élections des bureaux des commissions électorales locales.Cela ne devrait pas influer sur le processus électoral mais l'opposition qui reproche à la Commission électorale indépendante (CEI) d'être inféodée au pouvoir, laisse planer ainsi le doute sur un boycott.
Elle pourrait recevoir le soutien d'anciens barons du régime, disqualifiés par le Conseil constitutionnel.
L'ex-ministre ds Affaires étrangères Marcel Amon-Tanoh, a lui assuré: "Loin d’être une cause de découragement, cette décision est pour moi un encouragement à poursuivre avec détermination le combat".
"Au niveau des démocrates de ce pays, cette forfaiture ne passera pas et nous nous battrons jusqu’au bout", a affirmé de son côté l'ancien ministre Abdallah Albert Mabri Toikeusse, confiant à l'AFP "craindre le pire" quant aux violences, 10 ans après la crise post-éléctorale.
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