"Il s'agissait d'assauts ciblés contre des journalistes pris dans le cadre de l'exercice de leur métier" et parce que certains "travaillent pour des médias jugés critiques à l'égard du pouvoir", s'est ému Denis Kwebo, président du Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC), dans un entretien avec l'AFP.Selon les chiffres compilés par le SNJC et les organisations internationales de défense de la liberté de la presse Commitee to Protect Journalists (CPJ) et Reporters sans Frontières (RSF), au moins huit journalistes ont été interpellés mardi, lorsqu'ils couvraient les "marches pacifiques" appelées de leurs voeux par sept partis d'opposition, dont le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), principal opposant à l'inamovible Paul Biya, 87 ans et au pouvoir depuis près de 38 ans.Tous ont été, depuis, remis en liberté, le dernier jeudi matin, selon le CPJ et le SNJC.Parmi les reporters arrêtés, figuraient les correspondants de Radio France Internationale (RFI) et de l'Agence France-Presse (AFP) à Yaoundé."Certains confrères ont été victimes de violences, notamment le correspondant de RFI, Polycarpe Essomba, et un cameraman de Equinoxe Télévision. Le dernier journaliste qui était encore détenu, Michel Loumou (Carrefour Radio), a eu les cheveux rasés par les gendarmes", assure M. Kwebo.Mercredi, RSF et le CPJ s'étaient déjà insurgés contre les "violences policières" et des "agressions de journalistes" lors des rassemblements de mardi, qui ont très peu mobilisé dans tout le pays face à un impressionnant déploiement de la police, de la gendarmerie et de l'armée."Le mois dernier, notre organisation a demandé à trois rapporteurs spéciaux des Nations unies d'enquêter sur les circonstances de la mort du journaliste Samuel Wazizi", a rappelé RSF dans un communiqué.Arrêté le 2 août 2019 à Buea, dans l'Ouest anglophone en proie à un conflit meurtrier entre l'armée et des groupes séparatistes, M. Wazizi est mort en détention un peu plus de deux semaines après son arrestation, ont finalement admis les autorités 10 mois plus tard, en juin 2020.Yaoundé avait alors accusé le journaliste d'être le "logisticien de divers groupes terroristes", affirmant qu'il était mort en détention d'une "septicémie sévère". Les syndicats de journalistes et sa famille affirment, eux, qu'il a été "torturé" à mort.
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