Libye: mesures concrètes pour une sortie de crise, l'ONU "assez" optimiste

Infos. Les parties en conflit en Libye ont convenu à Genève de rouvrir les principales voies terrestres et les liaisons aériennes internes, premières mesures concrètes annoncées mercredi par l'ONU qui s'est dit prudemment optimiste sur un cessez-le-feu durable dans le pays.

Libye: mesures concrètes pour une sortie de crise, l'ONU "assez" optimiste

Plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, la Libye est déchirée aujourd'hui entre deux pouvoirs rivaux: le Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU et basé à Tripoli, et les autorités de l'Est alliées du maréchal Khalifa Haftar.

Ces dernières semaines, les négociations interlibyennes se sont accélérées et une nouvelle session de la commission militaire libyenne conjointe qui doit également définir les conditions d'un cessez-le-feu durable, se poursuit depuis lundi à Genève. 

Présente dans la ville suisse, Stephanie Williams, cheffe par intérim de la Mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul), s'est déclarée "assez optimiste" sur le fait que les négociateurs parviendraient à "un cessez-le-feu plus durable et permanent".

Elle a annoncé devant la presse des accords sur plusieurs mesures concrètes décidées par les belligérants, comme "l'ouverture des voies terrestres reliant toutes les régions et villes de Libye", avec des "dispositifs de sécurité conjoints".

Sont concernées les routes entre al-Choueref, Sebha et Mourzouk (sud), Abou Grein à al-Joufra (centre), où se trouve une principale base aérienne sous contrôle des pro-Haftar, et la route côtière de Misrata (ouest) à Syrte (est) et plus à l'est jusqu'à Ajdabiya.

Pour la population, épuisée par les combats et les divisions, c'est une lueur d'espoir qui permettra aux familles, éparpillées, de pouvoir se retrouver après de longs mois de séparation forcée. 

Après une offensive lancée en avril 2019 par les pro-Haftar pour s'emparer de Tripoli et qui s'est soldée par un échec en juin 2020, les principales voies terrestres ont été coupées entre les villes de l'Est et de l'Ouest et les liaisons aériennes intérieures interrompues.

- "Impact" -

Les combats ont fait des centaines de morts et poussé à la fuite des dizaines de milliers de personnes.Après avoir fait échec à l'offensive, le GNA contrôle aujourd'hui tout l'ouest du pays.Les pro-Haftar, eux, contrôlent l'Est et une partie du Sud. 

Vendredi, la compagnie nationale Afriqiyah Airways a effectué un premier vol symbolique entre Tripoli et Benghazi, deuxième ville libyenne située à quelque 1.000 km plus à l'est.Un premier vol Tripoli Benghazi transportant des passagers est prévu vendredi.

Pour Mme Williams, les deux camps ont pris des "décisions importantes" pour la réouverture des routes, la reprise des vols, la facilitation de l'accès aux services vitaux dans certaines parties du pays, en particulier le Sud, longtemps en souffrance.

Ces décisions "vont avoir un impact direct et concret sur la vie des Libyens", au moment où "les conditions socio-économiques se détériorent et, bien sûr, la pandémie de Covid-19 augmente exponentiellement dans le pays", a-t-elle ajouté.

- Pétrole -

Les deux parties ont aussi convenu d'accroître la production de pétrole, en demandant, selon Mme Williams, à leur commandants "de travailler avec le représentant de la National Oil Corporation (la compagnie publique) pour proposer une restructuration des gardes des installations pétrolières".

Traditionnellement sous l'autorité du ministère de la Défense, ces gardes sont devenus membres de groupes armés aux allégeances changeantes au gré de leurs intérêts et à l'origine de l'insécurité sur les sites pétroliers.

Depuis la levée en septembre du blocus imposé par les pro-Haftar à ces sites, la production pétrolière de la Libye, qui dispose des réserves pétrolières les plus abondantes d'Afrique, a repris et est en nette progression.

Khalifa Haftar avait accepté de lever le blocus à condition d'obtenir un partage équitable des recettes pétrolières.Le blocage depuis janvier a causé plus de 9,8 milliards de dollars (8,2 milliards d'euros) de pertes de revenus, selon la NOC.

Toujours dans le contexte de l'apaisement, Mme Williams a indiqué que les deux camps avaient accepté de "mettre fin à la rhétorique haineuse" dans les médias et sur les réseaux sociaux, d'oeuvrer pour un maintien du calme sur la ligne de front et pour soutenir les efforts pour la libération de prisonniers.

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