Le colonel Mouammar Kadhafi a contre-attaqué mercredi, promettant des milliers de morts en cas d'intervention des Occidentaux et envoyant troupes et avions de chasse à l'attaque dans l'Est contrôlé par les insurgés.
Au 16ème jour d'insurrection, la communauté internationale, soucieuse d'aider l'opposition à renverser le numéro un libyen mais consciente qu'une trop grande implication pourrait avoir des conséquences néfastes, avance ses pions, notamment militaires, après avoir adopté une série de sanctions.Des navires de guerre américains traversaient ainsi le canal de Suez vers la mer Méditerranéenne.
A Tripoli, le "guide de la révolution libyenne" est apparu devant une foule de partisans lors d'une cérémonie marquant le 34e anniversaire de l'établissement du "pouvoir des masses" en Libye.
"Des milliers de Libyens mourront en cas d'intervention de l'Amérique ou de l'Otan", a-t-il prévenu lors d'un discours entamé peu après 11H30 GMT.
Il a de nouveau accusé le réseau islamiste d'Al-Qaïda d'être à l'origine de l'insurrection."Les troubles ont commencé avec l'infiltration de cellules dormantes d'Al-Qaïda en Libye", a-t-il affirmé, assurant qu'il n'y avait "pas de manifestations en Libye, du tout".
Sur le terrain, l'opposition a dû affronter des forces libyennes, soutenues par des blindés et par de l'artillerie lourde, dans la localité la plus avancée contrôlée par les insurgés dans l'Est, Brega, à mi-chemin entre Benghazi, centre névralgique de l'opposition et Syrte, le fief de Kadhafi.
"Les troupes pro-Kadhafi sont arrivées à l'aube à Brega, elles ont pris les raffineries en main pendant quelques heures", a déclaré un autre témoin, faisant état, comme plusieurs autres, de "mercenaires tchadiens" parmi les forces pro-Kadhafi.
Les forces de l'armée régulière sont entrées à Brega et ont occupé un quartier d'habitation, selon un témoin qui a également évoqué des combats intenses au port, où se trouve un terminal pétrolier.
Après de violents combats qui ont fait une dizaine de morts selon les insurgés, la ville semblait être revenue dans le giron de l'opposition.
"Brega est désormais complètement sous le contrôle de la Révolution.Des gens sont partis d'Ajdabiya pour aider", a affirmé un général de police à Ajdabiya, entre Brega et Benghazi.
La région d'Ajdabiya a été touchée par des raids aériens.Selon un témoin, ces raids ont apparemment visé un dépôt de munitions déjà attaqué il y a deux jours.Des habitants ont affirmé en revanche que la cible était une base de l'armée tombée aux mains de l'insurrection à 3 km d'Ajdabiya.
Pour les insurgés, le contrôle de Brega et d'Ajdabiya est stratégique pour envisager de prendre Tripoli et de renverser le colonel Kadhafi.
A Tripoli, la situation semblait calme mercredi.L'aéroport s'est en revanche transformé en camp de réfugiés: des centaines de personnes attendaient de pouvoir quitter le pays, dormant sous des abris de fortune au milieu des poubelles et des bouteilles en plastique.
Confronté à de nombreuses défections, le dirigeant libyen a nommé deux nouveaux ministres et un procureur général pour remplacer les deux responsables passés à l'insurrection.
Sur le plan humanitaire, la situation a atteint un niveau de "crise" critique à la frontière entre la Libye et la Tunisie.
Une foule s'étendant "sur des kilomètres et des kilomètres" se pressait pour quitter la Libye, selon le HCR, qui a lancé un nouvel appel pour que des "centaines d'avions soient affrétés" afin d'évacuer les réfugiés.
La France va utiliser des rotations d'avions gros porteurs et un navire pour évacuer vers l'Egypte au moins 5.000 travailleurs réfugiés à la frontière tuniso-libyenne.
Dans le même temps, deux navires de guerre américains, dont le porte-hélicoptères USS Kearsarge, traversaient mercredi le canal de Suez pour rejoindre la Méditerranéenne et se positionner au large de la Libye.Ils devraient atteindre la Méditerranéenne dans la soirée.
"Nous déplaçons des éléments pour les rapprocher" de la Libye, avait déclaré à l'AFP un responsable du Pentagone."Un navire comme le Kearsarge est capable de plusieurs types de mission", a-t-il ajouté.Ce porte-hélicoptères, qui transporte des chalands de débarquement et 800 Marines, peut assurer un soutien à des opérations humanitaires ou militaires.
A Washington, les responsables militaires préparaient une liste d'options pour le président Barack Obama et étaient en discussion avec leurs homologues européens, mais le flou demeurait sur l'éventualité d'une intervention militaire.
Selon des analystes, une démonstration de force symbolique au large des côtes libyennes pourrait suffire à accroître la pression sur Kadhafi.
Américains et Européens envisagent surtout une interdiction de l'espace aérien libyen pour empêcher des bombardements de civils, mais n'ont pas encore trouvé de consensus, les Américains estimant qu'il serait "compliqué" de la mettre en place.
A Benghazi, certains dirigeants de l'insurrection, perdant espoir d'un renversement du régime par la révolte populaire, envisageaient de demander des frappes aériennes étrangères.
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