"C'était une première rencontre pour briser la glace et rétablir la confiance", a déclaré M. Ouattara, au terme de l'entrevue qui a duré une quarantaine de minutes à l'hôtel du Golf, un lieu symbolique de la crise post-électorale de 2010-11.
"Nous avons pu briser le mur de glace et le mur de silence", a renchéri M. Bédié, les deux hommes promettant d'autres rencontres à venir, lors d'un bref point de presse commun dans le hall de l'hôtel, devant une centaine de journalistes.
C'était la première rencontre entre les deux hommes - rivaux depuis 30 ans sur la scène politique ivoirienne - depuis l'élection présidentielle du 31 octobre, boycottée par l'opposition, qui n'en reconnaît pas les résultats.Et même depuis août 2018, après la rupture politique entre les deux hommes, longtemps alliés.
"Nous allons dans les jours et semaines à venir continuer à nous téléphoner et à nous rencontrer pour qu'enfin le pays soit ce qu'il était avant", a promis M. Bédié.
"La paix est la chose la plus chère à tous les deux et à tous les Ivoiriens et nous avons décidé d'oeuvrer pour qu'il en soit ainsi", a assuré le président Ouattara, alors que la Côte d'Ivoire est secouée depuis trois mois par des violences électorales qui ont fait 85 morts et près de 500 blessés.
C'est dans l'hôtel du Golf que M. Ouattara, alors président élu, s'était installé avec son gouvernement et ses alliés de l'époque, dont Henri Konan Bédié, lors de la crise de 2010-2011 qui l'opposait à Laurent Gbagbo, ce dernier refusant de reconnaître sa défaite à la présidentielle.
- rivaux puis alliés -
La crainte d'une escalade des violences reste présente en Côte d'Ivoire, dix ans après cette crise qui avait fait 3.000 morts, ainsi que 300.000 réfugiés et un million de déplacés internes en Côte d’Ivoire, selon l'ONU.
L'opposition conteste la réélection de M. Ouattara pour un troisième mandat, qu'elle juge inconstitutionnel.Elle avait lancé une campagne de "désobéissance civile" puis proclamé un "Conseil national de transition" censé remplacer M. Ouattara.
Le bilan global des troubles politiques qui ont souvent dégénéré en affrontements intercommunautaires, surtout dans le sud-est de la Côte d'Ivoire, s'établit à 85 morts et 484 blessés depuis le 10 août (après l'annonce de la candidature de M. Ouattara), a annoncé mercredi le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Sidi Touré. Il y a eu 34 morts avant le scrutin, 20 le jour du vote et 31 après, a-t-il détaillé, ajoutant que 225 personnes ont été interpellées, 167 inculpées et 45 écrouées.
Plusieurs leaders de l’opposition, dont l'ancien Premier ministre Pascal Affi N'Guessan, son porte-parole, ont été arrêtés, alors que d'autres étaient bloqués à leur domicile par les forces de l'ordre.
Le président Ouattara avait dans une adresse à la Nation lundi proposé une rencontre à "son aîné" le président Bédié pour apaiser la situation.
"Que Bédié et Ouattara se voient et soient vus ensemble pourrait faire baisser la tension", avait jugé mardi un diplomate occidental à Abidjan.
Plus de 8.000 personnes ont fui la Côte d'Ivoire vers les pays voisins, principalement le Liberia, en raison des violences liées à l'élection présidentielle, a rapporté mardi l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
Alternativement rivaux puis alliés puis à nouveau rivaux, M. Ouattara, 78 ans, et M. Bédié, 86 ans, dominent la vie politique ivoirienne depuis près de 30 ans.
Les deux hommes se réclament de l'héritage du président Félix Houphouet Boigny, le "père de l'indépendance". Après avoir longtemps voulu éloigner M. Ouattara du pouvoir, M. Bédié l'avait soutenu au second tour de la présidentielle 2010.Il s'en était suivi une "lune de miel", jusqu'à la rupture de 2018.
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