Les cinéastes africains sont de plus en plus tentés par les séries télé, des fictions pas chères et qui font un tabac sur les petits écrans du continent.
De "Jacob's cross" à "Ma famille", qu'elles soient sud-africaines, ivoiriennes ou béninoises, les séries explosent dans une Afrique qui compte désormais 300 chaînes privées et publiques, d'après le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco).
Preuve de ce succès, pas moins de 13 séries sont en lice pour le prix "séries TV-vidéo" cette année au 22e Fespaco, qui bat son plein jusqu'à samedi.
Le réalisateur burkinabè Missa Hébié ne cache pas que la modestie des moyens nécessaires pour monter une série est un argument décisif alors qu'il faut se battre pour réunir les fonds en vue d'un film.
"Avec 15 à 20 millions francs CFA (entre 22.000 et 30.000 euros), je peux réaliser jusqu'à 25 épisodes.Si je dois faire un long métrage, j'ai besoin de 400 millions (600.000 euros).Ce n'est pas donné de réunir une telle somme aujourd'hui", explique-t-il à l'AFP.
Prix RFI du public au Fespaco 2009 avec son long métrage "Le fauteuil", Missa Hébié brigue cette année le grand prix, l'Etalon d'or de Yennenga, avec "En attendant le vote...", adaptation d'un roman de l'Ivoirien Ahmadou Kourouma.
Mais il s'est fait un nom surtout grâce aux séries télé.En dix ans, il a réalisé plusieurs séries à succès, notamment "Commissariat de Tampy" en 2006-2008.
A travers le continent, le public se prend de passion pour ces petites histoires interprétées par des comédiens confirmés ou amateurs, collant au quotidien et évoquant les problèmes sociaux (mariage, succession, sorcellerie...), politiques ou économiques (corruption, chômage...).
Les séries "montrent aux gens ce qu'ils sont", s'enchante le cinéaste béninois Sylvestre Amoussou, qui "n'hésiterait pas à tenter l'essai".Son film "Un pas en avant - les dessous de la corruption" a été projeté ce week-end en ouverture au Fespaco.
"C'est comme si les gens mettaient à l'écran leur réalité", renchérit le réalisateur burkinabè Gaston Kaboré, Etalon de Yennenga au Fespaco 1997 avec "Buud Yaam", qui a aussi écrit des scénarii de séries.
"Il y a de plus en plus d'heures d'émissions des télévisions africaines qui sont à la recherche de programmes, et de ce fait les téléfilms sont des choses faciles à programmer", souligne-t-il, rappelant que les chaînes africaines ont longtemps été dépendantes des télénovélas sud-américaines et le sont désormais des feuilletons indiens.
Et puis "les cinéastes sont contents parce que les séries TV leur permettent de ne pas mettre leurs scénarii dans les placards", à l'heure où les salles de cinéma ferment en Afrique, glisse le réalisateur malien Cheick Oumar Cissoko, qui veut aussi s'essayer à ce format.
Mais Haroun Mahamat Saleh ne partage pas cet enthousiasme: "la plupart de ces films sont inqualifiables en termes de qualité artistique et technique", assène le cinéaste tchadien.
Pour le lauréat du Prix du jury à Cannes en 2010, "on nous attend sur des oeuvres majeures, pas sur ces folklores africains!"
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