Les Béninois doivent élire dimanche leur président parmi 14 candidats dont le sortant Boni Yayi, éclaboussé par des scandales de corruption, tandis que les appels à un report du scrutin se multiplient sur fond de polémique autour du fichier électoral.
L'ancienne colonie française de 9,3 millions d'habitants et berceau du culte vaudou se remet lentement de graves inondations fin 2010.Environ 55.000 foyers ont été détruits et 680.000 personnes sinistrées, selon les Nations unies.
A l'approche du vote, opposition, syndicats et organisations de la société civile ont exigé un report, avançant que plus d'un million d'électeurs n'étaient pas inscrits.
Si la date n'est pas repoussée, ce sera "un grand chaos", a averti un représentant de la coalition soutenant Adrien Houngbédji, principal adversaire du président sortant.
Jeudi, des centaines de personnes ont manifesté à Cotonou pour réclamer un délai supplémentaire.
Le premier tour, initialement prévu le 27 février, a déjà été décalé d'une semaine pour permettre la compilation du fichier électronique.
Selon l'analyste politique Juvencio Amoussouga, il pourrait y avoir "un gros désordre" le 6 mars et les jours suivants."Une grande partie des électeurs ne savent même pas où voter et ne possèdent pas encore de carte d'électeur, quand ils ne sont pas simplement absents des listes", a-t-il remarqué à une semaine du vote.
Le Bénin a connu des élections pacifiques depuis l'avènement de la démocratie en 1990.
Dimanche, la bataille se jouera essentiellement entre MM.Yayi et Houngbédji.L'économiste Abdoulaye Bio Tchané, le "troisième homme", pourrait se retrouver en faiseur de roi.
Marqués par des décennies de pouvoir de Mathieu Kérékou, dictateur marxiste-léniniste devenu président élu, les Béninois avaient opté en 2006 pour M. Yayi, un économiste aujourd'hui âgé de 58 ans, alors novice en politique et associé au changement.
Promettant de lutter contre la corruption et la pauvreté, il avait recueilli, face à M. Houngbédji, près de 75% des suffrages au second tour d'une élection jugée libre et juste par les observateurs.
Mais son quinquennat a été marqué par des scandales financiers.Le plus récent, qualifié d'"affaire Madoff à la béninoise", en 2010, a vu des milliers de Béninois ruinés dans le cadre d'une escroquerie d'épargnants semblable à celle qui a valu en 2009 150 ans de prison à l'Américain Bernard Madoff.
Le président a été accusé de complicité, ce qu'il a nié.
La candidature d'Adrien Houngbédji qui aura 69 ans samedi, est soutenue par un grand nombre d'"anciens" de la scène politique béninoise.
Cette élection est décrite comme une bataille entre nouvelle et ancienne génération.
"Si jamais ils perdent c'est la mort politique de toute une génération de politiciens qui est toujours restée au pouvoir", a remarqué Malick Gomina, patron du groupe de presse Fraternité.Car M. Houngbédji, candidat aux cinq dernières présidentielles, sera bientôt frappé par la limite d'âge fixée par la Constitution pour se présenter, fixée à 70 ans.
Abdoulaye Bio Tchané, 58 ans, est un ancien fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI) et ex-dirigeant de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), qui se présente pour la première fois.
Si personne n'obtient la majorité absolue dimanche, un second tour aura lieu quinze jours plus tard.
La croissance économique annuelle du Bénin a considérablement ralenti ces dernières années.De 5% en 2008, elle a chuté à 2,7% en 2009 selon la Banque mondiale, et devrait encore reculer à 2,5% en 2010.
Boni Yayi a cependant multiplié avec succès les mesures visant à faire reculer la pauvreté, notamment avec la mise en place d'un vaste programme de micro-crédits.
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