Fri Awasum Mispa, Présidente nationale des Femmes du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, principal opposant à l'inamovible Paul Biya qui dirige le pays d'une main de fer depuis 38 ans, avait été arrêtée samedi à Yaoundé avec une vingtaine d'autres femmes. Elle a été écrouée mardi, selon une ordonnance d'un juge du tribunal militaire que l'AFP a pu consulter mercredi. Les cadres et militants du MRC, le parti d'opposition le plus véhément, sont constamment la cible d'interpellations, de longues incarcérations sans jugement ou de procès depuis que M. Kamto, arrivé en deuxième position, conteste la réélection en 2018 de M. Biya. M. Kamto lui-même avait passé neuf mois en prison sans être jugé en 2019 après avoir manifesté pacifiquement contre la réélection de M. Biya, 87 ans. Il avait été remis en liberté après d'intenses pressions internationales.Mais M. Kamto est aujourd'hui retenu à son domicile de Yaoundé encerclé par la police depuis deux mois, sans que la justice lui ait notifié quoi que ce soit, après avoir appelé à des "manifestations pacifiques" pour le départ du chef de l'Etat.L'incarcération de Mme Awasum Mispa, avocate stagiaire, a été notifiée mardi, le jour même où un tribunal de Douala, la capitale économique, condamnait à six mois de prison avec sursis deux avocats dont l'un, Richard Tamfu, est un cadre du MRC, notamment "pour outrage à magistrat".Fri Awasum Mispa avait mené samedi à Yaoundé une marche d'une vingtaine de femmes du MRC qui exigeaient la libération de M. Kamto. Elles avaient toutes été arrêtées puis libérées plusieurs heures après, à l'exception de leur cheffe.Elle a été inculpée de "complicité de révolution et rébellion" par un juge d'instruction du tribunal militaire de Yaoundé et "mise en détention provisoire (...) pour une durée de six mois renouvelable", selon l'ordonnance consultée par l'AFP."Le régime dictatorial de Yaoundé a décidé de décapiter le MRC et d'anéantir sa capacité à déployer ses activités politiques pour le réduire au silence", s'était offusqué M. Kamto dimanche.Le Cameroun est le théâtre d'une contestation inédite du pouvoir de M. Biya et d'une guerre sanglante depuis quatre ans entre des rebelles séparatistes et les forces de sécurité dans deux régions de l'ouest peuplées majoritairement par la minorité anglophone. Les deux camps sont régulièrement accusés par les ONG internationales et l'ONU de commettre des crimes contre les civils.
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