L'insurrection libyenne, maîtresse de l'est du pays, a continué sa progression vendredi vers l'ouest pour tenter de stopper une éventuelle attaque de l'armée régulière du colonel Mouammar Kadhafi, alors que l'opposition tentait de manifester à Tripoli.
Des appels ont été lancés pour profiter de la prière du vendredi pour se faire entendre dans la capitale, où l'opposition a déjà tenté la semaine dernière de se soulever dans plusieurs quartiers.
Dans le quartier rebelle de Tajoura, dans l'est de la capitale, des affrontements ont opposé une centaine de manifestants scandant des slogans contre le régime aux forces de l'ordre.Ces dernières ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les protestataires, selon des témoins.
Sur la place Verte, dans le centre-ville, une centaine de pro-Kadhafi ont manifesté leur soutien au "Guide de la révolution", selon un journaliste de l'AFP.Des heurts limités ont eu lieu entre des petits groupes de manifestants pro et anti-Kadhafi non loin de là, a indiqué un témoin.
Les forces de l'ordre bouclaient le secteur, mais elles sont cependant restées en retrait sans intervenir, tirant simplement en l'air.
Au 18e jour
de révolte contre le dirigeant libyen, les insurgés -- un mélange de jeunes Libyens sans expérience du combat et de militaires ralliés à l'opposition -- ont pris position à Uqayla, à 280 km au sud-ouest de Benghazi, fief de la contestation anti-Kadhafi.
Certains ont même dépassé ce petit village du désert situé à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Brega, important site pétrolier théâtre mercredi de violents combats entre forces pro-Kadhafi et insurgés.
Sur l'autoroute à une vingtaine de kilomètres à l'ouest d'Uqayla, un journaliste de l'AFP a vu entre 60 et 70 insurgés bien armés s'élancer vers l'ouest, criant qu'ils se rendaient à Ras Lanouf, quelques dizaines de kilomètres plus loin, après s'être arrêtés pour prier le long de la route.
"Le plan est d'avancer petit à petit dans leur direction pour les pousser à reculer.Nous ne voulons pas nous battre, nous voulons leur imposer une pression psychologique (...).Mais si nous devons tuer pour remporter cette bataille, nous le ferons", a expliqué à l'AFP le colonel Bachir Abdelkader.
Un peu plus à l'est, le capitaine Chouaib al-Akaki, qui a rallié le camp de l'opposition, s'inquiétait à l'idée des combats à venir, forcément fratricides.
"Nous essayons de limiter les pertes des deux côtés.En Libye, nous sommes tous parents.Nous sommes un pays de tribus.Nous avons tous de la famille à Syrte", ville natale et fief du colonel Kadhafi située entre Tripoli et Benghazi, a-t-il expliqué.
Cependant, un autre capitaine rallié à l'opposition, Mohammad Abdallah, a expliqué à Brega qu'il n'encourageait "pas les gens à aller vers Ras Lanouf parce que les troupes de Kadhafi y (avaient) des positions solides".
"Ce sera un massacre si les gens vont là-bas", a-t-il redouté, ajoutant que des centaines de volontaires étaient partis vers cette ville.
A Brega, l'opposition se préparait à une nouvelle contre-offensive.Devant l'entrée de la principale raffinerie, une cinquantaine d'insurgés ont établi un poste de contrôle, équipé d'armes anti-aériennes et installé des barricades sur la route.
A la sortie d'Ajdabiya, à 70 km à l'ouest de Brega, un journaliste de l'AFP a vu plusieurs voitures prendre la direction du port pétrolier.Certains venaient de villes nettement plus à l'est comme Al-Baïda ou Tobrouk.
"Je suis venu avec quatre amis.Nous n'avons pas de fusils, mais nous pensons en obtenir en arrivant à Brega.Nous devons prouver (à Kadhafi) que c'est notre pays.C'est l'heure du jihad", a expliqué Mohammed, 35 ans, employé de banque à Tobrouk.
L'opposition, qui s'est dotée d'un gouvernement parallèle et d'un embryon d'armée de libération, manifestait également à Benghazi pour réclamer le départ du colonel Kadhafi.
Sur la scène internationale, le président américain Barack Obama a déclaré jeudi que le monde entier était "révolté" par la violence contre les Libyens.Il a prévenu que les Etats-Unis examinaient "toutes (leurs) options" dans cette crise.
Selon la Ligue libyenne des droits de l'Homme, la répression a déjà fait 6.000 morts.
Sur le plan humanitaire, le Croissant-Rouge tunisien a affirmé vendredi que près de 100.000 personnes fuyant la Libye avaient franchi la frontière tunisienne depuis le 20 février.Cette frontière est contrôlée par des "forces pro-régime lourdement armées", selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
"Plus de 20.000 (réfugiés) attendent du côté libyen", avait déclaré jeudi le chef des pompiers tunisiens sur place.
L'Italie, dont les côtes sont proches de la Tunisie et de la Libye, redoute un afflux massif d'immigrants.Elle plaide pour une aide humanitaire sur le terrain ainsi qu'une aide aux infrastructures dans les pays concernés et a annoncé vendredi être prête à mobiliser "près d'un milliard d'euros" pour le développement des pays de la rive du sud de la Méditerranée.
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