Burkina: malgré un succès aux législatives, Kaboré devra composer avec des alliés à l'Assemblée

Infos. Le président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kaboré, réélu pour un second mandat, a vu sa victoire confortée par un succès de son parti aux législatives, mais devra composer avec ses alliés pour s'assurer une majorité à l'Assemblée nationale. 

Burkina: malgré un succès aux législatives, Kaboré devra composer avec des alliés à l'Assemblée

Selon les résultats provisoires publiés samedi par la commission électorale nationale indépendante (Ceni), le parti présidentiel, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), est arrivé en tête des législatives avec 56 sièges.

"C'est loin des 64 sièges nécessaires pour la majorité absolue pour le parti au pouvoir.Mais le président Kaboré n'a aucun souci à se faire car le jeu d'alliance avec les partis qui ont soutenu sa candidature à la présidentielle lui assure cette majorité", analyse Drissa Traoré, enseignant et politologue.

Roch Kaboré a remporté dès le premier tour, avec 57,87% des voix selon la Ceni, la présidentielle du 22 novembre à laquelle étaient couplées les élections législatives.

"Avec la moisson de nos partis alliés nous sommes largement au-dessus de la majorité absolue", assure Ousseni Tamboura, députe MPP.

Le président Kaboré peut ainsi compter sur les 13 sièges du Nouveau temps pour la démocratie (NTD), le parti de l’actuel ministre des Transports Vincent Dabilgou, qui soutenait sa candidature et a réalisé une percée, par comparaison avec ses 3 sièges obtenus en 2015.

- Contreparties -

"Ce parti de la mouvance présidentielle à lui seul offre une majorité confortable au MPP pour soutenir les actions du gouvernement", selon Drissa Traoré.

Outre le NTD, le parti au pouvoir peut également compter sur une douzaine d'autres sièges de partis alliés, dont cinq de l'Union pour la renaissance-parti sankariste (Unir-PS) du célèbre avocat Me Benewende Sankara, un farouche opposant au régime Compaoré qui avait rejoint la majorité lors du premier mandat de Kaboré, ainsi que sur les quatre députés du Mouvement pour le Burkina du futur (MBF) et les trois du Parti pour le développement et le changement (PDC). 

"Il est clair que le MPP devra sa majorité au parlement à l'APMP (alliance des partis de la majorité présidentielle) mais ça reste toujours des alliances et la contrepartie est toujours présente, probablement des postes dans le futur gouvernement", note Drissa Traoré.

L'analyste s'interroge sur "la durée de ces alliances quant on sait que ces partis aussi ont des ambitions" (présidentielles), alors que le président Kaboré exercera son deuxième et dernier mandat.

Le président Kaboré devra faire face à deux principaux partis d'opposition.

- Réconciliation nationale -

Le congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l'ancien parti du président Blaise Compaoré, se positionne dorénavant comme la deuxième force politique du pays avec 20 sièges à l'Assemblée.

Son candidat Eddie Komboïgo est arrivé deuxième de la présidentielle avec 15,47% des voix, bénéficiant d'une nostalgie croissante de l'ère Compaoré, chassé par la rue en 2014 après 27 ans au pouvoir, dont l'ombre a plané sur la campagne électorale.

Le CDP devient ainsi la première formation de l'opposition, en lieu et place de l'Union pour le progrès et le changement (UPC) de Zéphirin Diabré, qui n'a recueilli que 12 sièges (contre 33 en 2015).

Commentant le discours rassembleur tenu par le président Kaboré dès l'annonce de sa victoire, Drissa Traoré estime qu'il est "libre de former un gouvernement d'ouverture, peut-être au nom de la cohésion, de la réconciliation nationale, qui constitue l'un de ses chantiers, mais absolument rien ne l'y oblige".

Pays sahélien pauvre et enclavé de 20 millions d'habitants, le Burkina Faso est en proie depuis 2015 à des attaques jihadistes récurrentes qui ont fait au moins 1.200 morts et plus d'un million de déplacés internes. Des pans entiers du territoire échappent au contrôle de l'Etat.

Ce sera le principal chantier du second mandat du président Kaboré, réputé consensuel mais qui a aussi été taxé d'immobilisme dans la lutte contre les groupes jihadistes.

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