Libye: 7 morts dans des combats à Ben Jawad, Kadhafi accuse la France d'ingérence

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RAS LANOUF (Libye) (AFP)

Au moins sept personnes sont mortes et plus de 50 ont été blessées dans les combats entre pro et anti-Kadhafi dans la localité côtière de Ben Jawad, dans l'Est libyen, tandis que le régime tentait de reprendre la main avec des raids aériens contre les insurgés.

Dans une interview à la chaîne de télévision France 24 diffusée lundi matin, le colonel Mouammar Kadhafi a accusé la France d"ingérence" dans les affaires intérieures, et réitéré ses accusations contre Al-Qaïda.

Interrogé sur le soutien de Paris au Conseil national libyen formé par les insurgés à Benghazi (est), le colonel Kadhafi, dont les propos étaient traduits de l'arabe en français, s'est exclamé: "Ca fait rire, cette ingérence dans les affaires intérieures.Et si nous, nous nous ingérions dans les affaires de la Corse, de la Sardaigne?(...).

Selon un nouveau bilan fourni lundi de source hospitalière, au moins sept personnes sont mortes et plus de 50 ont été blessées dans les combats entre pro et anti-Kadhafi à  Ben Jawad.

Des habitants de Ras Lanouf, dans l'est libyen, où se sont repliés des insurgés chassés de la localité voisine de Ben Jawad, ont quitté lundi cette ville stratégique tenue par l'opposition par crainte d'attaques des pro-Kadhafi, selon un journaliste de l'AFP.

Dimanche, le régime libyen tentait de reprendre la main avec des raids aériens contre les insurgés et des manifestations de "victoire" à Tripoli, affirmant avoir reconquis plusieurs villes, ce que l'insurrection dément bien qu'elle ait cédé un peu de terrain.

Le colonel Kadhafi s'est déclaré favorable à une commission d'enquête "des Nations unies ou de l'Union africaine" pour évaluer la situation.Il a également brandi les spectres d'Al-Qaïda et d'une immigration massive en Europe.

Son fils, Seif al-Islam a assuré que la Libye risquait de devenir "une Somalie de la Méditerranée", avec "des pirates au large de la Sicile, de la Crète" et "des millions de migrants".

Sur le plan politique, le Conseil national créé par l'insurrection le 27 février, qui s'est réuni samedi pour la première fois et s'est déclaré "le seul représentant de la Libye", a reçu le soutien de la France.

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a cependant estimé qu'une intervention militaire aurait des "effets négatifs" et s'est prononcé en faveur d'une zone d'interdiction aérienne pour empêcher les bombardements.

A Washington, la pression montait dimanche sur l'administration du président Barck Obama pour fournir une assistance militaire aux insurgés et neutraliser l'aviation du colonel Kadhafi, soit par une zone d'interdiction aérienne, soit par une destruction des pistes des aéroports.

"On pourrait bombarder les aéroports et les pistes et les rendre impraticables pendant un certain temps", a note sur CBS le président démocrate de la Commission des Affaires étrangères du Sénat, John Kerry.

Le sénateur républicain John McCain a lui suggéré que Washington pourrait fournir une assistance technique aux insurgés ainsi que des moyens de renseignements.

Une "équipe diplomatique britannique" venue établir des contacts avec l'opposition à Benghazi a elle dû quitter le pays après "avoir connu des problèmes", selon Londres.L'opposition libyenne a déclaré les avoir arrêtés et retenus plusieurs jours parce qu'ils étaient venus dans le pays "de manière non officielle et sans aucun accord préalable".

Dans plusieurs villes, la révolte prend désormais des allures de guerre civile.La télévision d'Etat libyenne a annoncé que des forces fidèles au colonel Kadhafi étaient en route vers Benghazi, fief de l'opposition à près de 1.000 km à l'est de Tripoli.

A Misrata, 3e ville du pays à 150 km à l'est de Tripoli, un habitant et un insurgé ont déclaré par téléphone à l'AFP que la ville était contrôlée par l'insurrection, malgré une offensive gouvernementale à l'arme lourde."Les chars tirent des obus sur le centre-ville", a expliqué cet habitant.

Dimanche soir, l'ONU a demandé un accès d'urgence aux victimes "blessées et mourantes" de ces bombardements.

L'armée libyenne a déjà tenté ces derniers jours de lancer une contre-offensive pour stopper la progression des insurgés, bombardant Ajdabiya et Brega, à l'ouest de Benghazi.

Mais l'insurrection, un mélange de jeunes sans réelle expérience du combat et de militaires ralliés à l'opposition, a réussi à garder le contrôle de Brega et à avancer jusqu'à la ville pétrolière de Ras Lanouf, à 300 km au sud-ouest de Benghazi.

Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaaim, a affirmé à la presse dimanche que Zawiyah (ouest), Misrata et Ras Lanouf étaient "sous notre contrôle, c'est confirmé".

Les combats qui ont débuté après que les miliciens pro-Kadhafi se sont immiscés dans des maisons du village avant l'aube, ont fait deux morts et une trentaine de blessés, dont un journaliste français, selon un médecin.

"Nous sommes arrivés avec des kalachnikov mais ils nous attendaient avec de l'artillerie", a raconté un rescapé.

La télévision d'Etat libyenne a accusé dimanche les insurgés d'utiliser des civils comme "boucliers humains" dans certaines villes.M. Kaaim a cependant affirmé: "à Ben Jawad, il n'y a aucun combat".

"L'ordre des forces armées est de prendre des positions défensives, de ne pas engager l'ennemi sauf si celui-ci passe à l'offensive", a assuré M. Kaaim.

Zawiyah, 60 km à l'ouest de Tripoli, où le gouvernement avait mené une importante contre-offensive samedi, est encore sous le contrôle des insurgés, a affirmé un de leur porte-parole à Benghazi, Abdoul Hafiz Ghoqa, soulignant que la ville était à court de nourriture et de médicaments.

A Tripoli, le régime a orchestré une manifestation de soutien au colonel Kadhafi pour célébrer la "victoire".Soldats, policiers et miliciens ont tiré en l'air en signe de joie."Nous avons gagné, Al-Qaïda est parti", affirmait un soldat.

Un pont aérien international se poursuivait dimanche à Djerba (sud de la Tunisie) pour rapatrier des milliers de réfugiés égyptiens ayant fui la Libye.Plus de 191.000 personnes ont fui à ce jour les violences et environ 10.000 personnes déplacées se dirigeaient vers la frontière égyptienne, selon l'ONU.

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