Au firmament des récompenses du cinéma africain grâce au sacre de "Pégase" au festival de Ouagadougou, le Fespaco, le Maroc récolte les fruits d'une politique volontariste de soutien à sa production.
Ce film sur l'inceste signé du jeune Mohamed Mouftakir a décroché samedi soir l'Etalon d'or au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, permettant au Maroc d'égaler le Mali, jusque-là seul pays honoré trois fois du trophée suprême.
"Je suis extrêmement fier de ce sacre pour le Maroc", dit à l'AFP le cinéaste marocain Daoud Aoulad-Syad, qui était en lice avec "La mosquée" à ce Fespaco organisé en plein "printemps arabe".Il explique ce succès par "une volonté politique pour le développement culturel".
Avec une production de près de vingt films par an, la production cinématographique marocaine est la plus importante d'Afrique, devant l'Afrique du Sud (huit à dix films par an), selon le directeur général du Centre cinématographique marocain (CCM), Noureddine Sail.
Ce personnage-clé du cinéma marocain met en avant la "liberté" laissée aux artistes et le soutien économique au secteur.
"Aucun film n'est refusé au financement pour son scénario, aucun film n'est censuré, il n'y a pas d'interdiction de filmer au Maroc", assurait-il lors d'un forum consacré pendant le Fespaco au financement du cinéma africain.
Cet engagement s'est traduit par la mise en place d'une structure indépendante de financement du cinéma, l'avance sur recettes, un fonds de soutien doté de 5 millions d'euros par an.
Le Maroc a aussi institué en 1997 une loi octroyant 5% des recettes publicitaires des télévisions publiques et privées à la production cinématographique.
"La Tunisie a échoué là où le Maroc a réussi", glisse le cinéaste tunisien Ferid Boughedir, ex-directeur des Journées cinématographiques de Carthage, soulignant que le financement du 7e art via les télévisions n'a pas marché dans son pays.
Afin d'attirer la production étrangère, le royaume chérifien accorde des facilités dont l'exonération de certains droits de tournage et de la taxe sur la valeur ajoutée pour les films étrangers tournés au Maroc.
"Aujourd'hui le Maroc est le deuxième pays au monde derrière la République tchèque pour la production de films étrangers", se félicite M. Sail.Cette ouverture rapporte en moyenne 60 millions de dollars par an, selon lui: "c'est de l'argent qui part aussi dans le soutien à la cinématographie nationale".
Fort de son expertise, le Maroc travaille aussi avec les pays d'Afrique subsaharienne, de la post-production au tirage des copies de films.
Quatre films qui briguaient l'Etalon de Yennenga au Fespaco 2011 ont été ainsi kinescopés (transférés d'un support numérique sur pellicule) dans les laboratoires marocains, dont "Le mec idéal".
L'Ivoirien Owell Brown, jeune réalisateur de cette comédie distinguée de l'Etalon de bronze, reconnaît que sa production n'aurait pu être menée à terme sans l'aide du Maroc.Pour cause de crise politique en Côte d'Ivoire, "je ne trouvais plus les moyens pour terminer mon film".
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