Bouffée d'espoir à Khartoum après le retrait du Soudan de la liste noire américaine

Infos. Dans un marché animé du centre de Khartoum, les Soudanais avaient le sourire lundi après la décision américaine de retirer leur pays de la liste noire des Etats soutenant le terrorisme, car, après trois décennies d'isolement, la porte du monde leur semble désormais ouverte.

Bouffée d'espoir à Khartoum après le retrait du Soudan de la liste noire américaine

"Cela apporte beaucoup d'espoir", assure Suha Anas, une étudiante en médecine de 21 ans, vêtue d'une abaya noire, en dégustant une pâtisserie traditionnelle.

Selon elle, le retrait du Soudan par les États-Unis de leur liste noire aura de multiples impacts sur la vie des gens mais aussi sur la perception qu'aura le reste du monde de ses concitoyens.

"Je pense que, désormais, les gens ne me considéreront plus comme une terroriste (...) Cela montre que nous sommes un pays pacifique, que nous n'aimons pas les conflits", affirme-t-elle à l'AFP dans un anglais parfait.

Pendant trois décennies, les États-Unis avaient mis le Soudan au ban du monde en l'accusant d'héberger des "organisations terroristes", notamment le réseau Al-Qaïda, dont le chef Oussama ben Laden avait séjourné dans le pays dans les années 1990.

Le Soudan était alors dirigé par l'autocrate Omar el-Béchir, renversé après trente ans de règne en avril 2019 sous la pression d'un mouvement de contestation inédit, déclenché par le triplement du prix du pain.

La décision de lundi ouvre la voie à des aides mais aussi à l'allégement d'une dette monstrueuse de 60 milliards de dollars. 

Elle devrait également favoriser les investissements étrangers dans un pays qui traverse une transition politique difficile et se débat dans une grave crise économique, exacerbée par la pandémie de Covid-19.

- "La cause de notre souffrance" -

Ferial Ali Mohammad, une fonctionnaire à la retraite dont les mains sont couvertes d'arabesques dessinées au henné, sourit quand elle confie à l'AFP que "cette nouvelle rend tout le monde heureux".

L'isolement est la principale "cause des problèmes économiques dont nous souffrons.Si nous n'étions pas bannis, l'économie ne serait pas dans cet état", affirme-t-elle. 

Le pays connaît un taux de chômage élevé ainsi qu'une inflation galopante, avec un taux de 254% en glissement annuel enregistré en novembre. 

Signe d'optimisme lundi, la valeur de la livre soudanaise, habituée à la dégringolade, s'est redressée face au billet vert.Le dollar s'échangeait à 240 livres soudanaises contre 250 la veille.

Ali Adam Hamed Abouna, journaliste sportif de 54 ans rencontré au Souq al-Arabi, au coeur de la capitale, assure que la décision américaine va attirer "les investissements".

"De nombreuses entreprises américaines et d'autres nationalités qui ne pouvaient pas opérer ici pourront désormais le faire, et l'économie soudanaise en profitera", dit-il.Toute entreprise qui commerçait avec le Soudan risquait auparavant d'être sanctionnée par les Etats-Unis.

"Nous souffrions parce que nous étions fermés au reste du monde.Nous avons besoin du monde extérieur, nous avons besoin d'une expertise étrangère, nous avons besoin de devises", ajoute-t-il.

Ali pense aussi que si le pays s'intègre dans la mondialisation, cela aidera à réduire la corruption et l'importance du marché noir, qui appauvrissent les Soudanais.

"Je pense que cela contribuera à faire baisser le prix du dollar et donc à affaiblir la contrebande", dit-il.

Al-Bushari Moussa, un ingénieur en mécanique de 48 ans, est un peu plus prudent, considérant la décision américaine comme le début d'un long processus.

"Bien sûr, je me réjouis comme tous les Soudanais (...) Mais mon point de vue est différent.Je pense qu'un redressement économique dépend d'abord du peuple soudanais", dit-il, se voulant toutefois optimiste: "Maintenant, nous avons une opportunité entre nos mains". 

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