Des habitants ont fui lundi Ras Lanouf, poste avancé de la rébellion dans l'Est libyen, avant des raids menés par les forces loyales au colonel Mouammar Kadhafi dans une nouvelle tentative du régime de contrer l'insurrection qui secoue le pays depuis trois semaines.
L'ONU a chargé lundi l'ancien ministre jordanien des Affaires étrangères Abdel Ilah Khatib d'entreprendre des "consultations urgentes" avec le gouvernement libyen sur la crise humanitaire provoquée par les combats, et a lancé un appel de fonds de 160 millions de dollars pour aider les victimes.
Plus isolé que jamais sur la scène internationale, le colonel Kadhafi a accusé, sur France 24, la France d'"ingérence" dans les affaires intérieures libyennes après le soutien apporté par Paris au Conseil national mis en place par l'opposition pour préparer la transition.
Deux raids aériens ont visé dans la matinée le port pétrolier stratégique de Ras Lanouf, pris vendredi par l'insurrection à 300 km au sud-ouest de Benghazi, où des combattants ont répliqué avec l'artillerie anti-aérienne, selon un journaliste de l'AFP.Dimanche, Ras Lanouf avait déjà été la cible de deux raids qui n'ont pas fait de victime.
A chaque passage de l'avion militaire, un feu nourri a éclaté de toutes les armes au sol, batteries antiaériennes, lance-grenades ou simples armes automatiques, visant l'origine supposée du bruit de l'appareil, sans parvenir à l'atteindre.
Dès l'aube, des habitants ont fui Ras Lanouf, par crainte de combats qui ont déjà chassé les insurgés de Ben Jawad, à une quarantaine de kilomètres plus à l'ouest.Les insurgés étaient arrivés samedi à Ben Jawad, d'où ils espéraient rallier Syrte, la ville natale de M. Kadhafi à une centaine de kilomètres plus à l'ouest.
"Nous avons entendu dire qu'ils (les pro-Kadhafi, ndlr) arrêtaient et enlevaient des gens et nous devons partir maintenant", a expliqué un père de famille, ses deux enfants installés à l'arrière de la voiture.
Certains habitants tentaient de partir vers l'ouest, en territoire pro-Kadhafi, en dépit des mises en garde des insurgés.
Sur la route, un véhicule équipé de haut-parleur crachait des instructions: "N'allez pas au front devant l'armée.Le pétrole est entre nos mains", vociférait la voix dans le haut-parleur, laissant entendre que le village de Ben Jawad, où les combats dimanche ont fait au moins 12 morts et plus de 50 blessés ne valait pas un tel sacrifice.
Des combats ont aussi eu lieu dimanche à Misrata, la 3e ville du pays à 150 km de Tripoli.Un habitant et un insurgé ont déclaré par téléphone à l'AFP que la ville était contrôlée par l'insurrection mais que les forces pro-Kadhafi avaient attaqué à l'arme lourde.
"Les habitants n'ont pas d'armes.Si la communauté internationale n'intervient pas rapidement, ce sera le carnage", a déclaré cet habitant dimanche.L'ONU a demandé un accès d'urgence aux victimes "blessées et mourantes" des bombardements.
A Washington, la pression montait autour du président Barack Obama pour fournir une assistance militaire aux insurgés et neutraliser l'aviation libyenne, soit par une zone d'interdiction aérienne, soit par une destruction des pistes des aéroports.
La Ligue arabe soutient le projet d'une zone d'exclusion aérienne au dessus de la Libye, a affirmé lundi le ministère français des Affaires étrangères, citant une assurance de son secrétaire général Amr Moussa au chef de la diplomatie française Alain Juppé.
L'Italie de son côté a annoncé avoir établi des contacts "discrets" avec le Conseil national à Benghazi, fief de l'opposition, afin d'aider à chercher une solution à la crise.
En revanche, une "équipe diplomatique britannique" venue établir des contacts avec l'opposition à Benghazi a dû quitter le pays après avoir été arrêtée et détenue plusieurs jours par l'opposition, qui lui a reproché d'être entrée en Libye "de manière non officielle et sans aucun accord préalable".
L'armée libyenne a tenté ces derniers jours de lancer une contre-offensive pour stopper la progression des insurgés, bombardant Ajdabiya et Brega, à l'ouest de Benghazi.Mais l'insurrection, un mélange de jeunes sans expérience du combat et de militaires ralliés à l'opposition, a réussi à garder le contrôle de l'Est du pays, jusqu'à Ras Lanouf.
Un pont aérien international se poursuivait à Djerba (sud de la Tunisie) pour rapatrier des milliers de réfugiés égyptiens ayant fui la Libye.Plus de 191.000 personnes ont fui à ce jour les violences et environ 10.000 personnes déplacées se dirigeaient vers la frontière égyptienne, selon l'ONU.
Les prix du pétrole continuaient de grimper fortement lundi en cours d'échanges européens, se hissant à New York à un nouveau sommet
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