L'afflux de personnes voulant quitter le Zimbabwe a pris de court les responsables de l'immigration au poste frontière de Beitbridge, le deuxième plus important d'Afrique du Sud, où des foules en colère sont bloquées dans des embouteillages.
"La situation est très très très chaotique", résume Wallace Muzondiwa, qui s'apprête à reprendre la route après que les autorités ont finalement accepté son test négatif de coronavirus et des papiers supplémentaires requis en rapport avec la pandémie.
"La queue avance très très lentement et le soleil tape très fort", se plaint-il.
Le gouvernement du Zimbabwe a ordonné le 2 janvier un nouveau confinement sur l'ensemble du territoire, en raison d'une recrudescence des cas de contamination au nouveau coronavirus.
Au Zimbabwe, frontalier de l'Afrique du Sud, pays officiellement de loin de plus touché par le virus sur le continent, le nombre de cas a plus que doublé depuis novembre, à 18.000 cas.
Le Zimbabwe, en proie depuis le début des années 2000 à une très grave crise économique qui a provoqué l'effondrement de son système de santé, avait déjà décrété un premier confinement en mars 2020, mais ces mesures avaient été progressivement assouplies à partir de mai.
Au poste-frontière, des voyageurs à l'air perdu se pressaient avec leurs bagages, s'engouffraient dans des taxis garés le long de stands vendant des ailes de poulet grillé à emporter.
Le coronavirus a compliqué le passage déjà laborieux de la frontière en Afrique du Sud, où des poids lourds peuvent parfois attendre des jours pour régler les formalités douanières.
"Ce sont les papiers qui provoquent des retards aux frontières", juge un chauffeur sud-africain, Sinki Tshangise, 44 ans, qui franchit les frontières du Botswana, du Malawi, de la Zambie et du Zimbabwe depuis presque dix ans.
Les certificats de test négatif au coronavirus ont souvent expiré avant l'arrivée au poste-frontière, contraignant les chauffeurs à se faire de nouveau tester sur la route, ajoute-t-il.
"Je ne pense pas que je peux me permettre de payer (de nouveaux tests) à chaque fois que je dois passer une frontière", souligne M. Tshangise.
- Risque de "super-propagateur" -
Au poste-frontière de Beitbridge, les chauffeurs de poids lourds ont été rejoints par des foules de voyageurs faisant la queue pour des tests PCR fournis par le gouvernement sud-africain.
Selon les membres du personnel soignant qui pratiquent les tests sous une tente, l'afflux du Zimbabwe depuis le début du deuxième confinement dans ce pays est difficile à gérer.
Certains Zimbabwéens ont en outre attrapé le virus en prenant la route pour l'Afrique du Sud, selon l'infirmier Country Musekwa.
De longues files d'attente se sont formées sur le seul pont qui surplombe le fleuve Limpopo, frontière naturelle entre les deux pays.
"Des gens qui disent qu'ils ont été testés négatifs au Zimbabwe sont testés positifs ici parce qu'ils ont été sur le pont pendant plus de quatre jours", dit-il.
Des responsables de Beitbridge ont indiqué avoir détecté plus de 100 cas de contamination au Covid-19 en seulement quatre jours cette semaine, suscitant l'inquiétude sur l'impact sanitaire des bouchons à la frontière.
Des responsables de la province sud-africaine ont décrit ces embouteillages comme un "potentiel super-propagateur" du virus et appelé ceux qui arrivent à se mettre en quarantaine.
"Nous ne pouvons contrôler tout le monde", a commenté le porte-parole du gouvernement provincial, Thilivhali Muavha, soulignant que les autorités ne pouvaient pas obliger les voyageurs à s'isoler."Il en va maintenant de leur responsabilité", a-t-il ajouté.
L'Afrique du Sud a enregistré jusqu'à présent plus d'1,17 million de cas de contamination pour 31.800 morts.
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