"Une baleinière (péniche) qui quittait Kisangani pour Basoko a fait naufrage vendredi soir.Nous comptons aujourd'hui six corps repêchés, 237 rescapés et 19 disparus", a déclaré à l'AFP Maurice Abibu Sakapela, vice-gouverneur de la province de la Tshopo, dont Kisangani est la capitale.
"Le procureur de la République a ouvert une enquête", a-t-il ajouté, faisant état d'arrestations à la suite de l'accident, dû selon lui à "la surcharge et la vétusté de l'embarcation".
Depuis des années, le fleuve est le principal moyen de transport entre Kisangani, et Basoko à 270 km de là, la route, réduite à l'état de piste, n'étant aujourd'hui utilisée que par moto ou vélo.Les habitants empruntent donc des péniches moyennant 15.000 francs congolais (environ 7 euros) par passager.
Larmes aux yeux, Ma Mamie, une rescapée de 27 ans, regardait désespérément le fleuve, attendant que surgisse le corps d'une amie portée disparue.
"J'ai tout perdu : mes biens personnels et marchandises.Le plus insupportable c'est de ne pas retrouver mon amie, elle est une sœur pour moi", dit cette commerçante, assise sur le rivage parsemé de sacs en plastique et autres déchets.
"Plongez plutôt de l'autre côté, on ne sait jamais, peut-être que vous allez le retrouver", suppliait une autre femme dont un proche est aussi porté disparu, en s'adressant aux pêcheurs venus participer aux recherches.
"En descendant dans les eaux, nous ne sommes pas trop sûrs qu'on va nous payer pour le service rendu, mais on n'a pas de choix", confiait à l'AFP l'un d'entre eux, Paulin, un peu agacé."Nous sommes un peu obligés de le faire, c'est notre façon d'aider ces familles éplorées".
Des sacs de ciment, des cartons de biscuits ou de savon mouillés étaient abandonnés sur le rivage tout comme des planches de l'épave de la péniche, dont une partie était toujours visible dans le fleuve.
Pays de 2,3 millions de km2, la RDC compte très peu de routes praticables, les déplacements se font souvent sur le fleuve Congo et ses affluents ainsi que les lacs.
Des naufrages se produisent régulièrement sur les eaux congolaises, le plus souvent avec de lourds bilans humains et matériels.
Ces drames sont provoqués par la vétusté des embarcations, leur surcharge, le défaut de port de gilets de sauvetage par les passagers, dont la plupart ne savent pas nager, mais aussi par le non-respect du tonnage autorisé par le fret et l'absence de balisage.
En avril 2019, le président Félix Tshisekedi avait pourtant annoncé l'obligation du port de gilets de sauvetage par les passagers après un naufrage sur le lac Kivu qui avait endeuillé 142 familles, d'après le chef de l'État.Mais cette mesure n'est pas appliquée.
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