Le dirigeant Mouammar Kadhafi a dépêché mercredi un émissaire au Caire après avoir accusé l'Occident de vouloir contrôler le pétrole de Libye et brandi le spectre d'Al-Qaïda, au moment où ses forces continuaient leur campagne pour tenter d'écraser la rébellion.
Abdelrahmane al-Zawi, membre du cercle rapproché du numéro un libyen et responsable des questions de logistique et d'approvisionnement, est arrivé au Caire à bord d'un avion libyen, selon un responsable aéroportuaire.On ignorait dans l'immédiat l'objet de sa visite et quels responsables il va rencontrer.
La Défense grecque avait annoncé peu auparavant qu'un avion civil appartenant à M. Kadhafi avait survolé l'espace aérien grec en route vers Le Caire, sans être en mesure d'en identifier les passagers.
Cette annonce avait suivi une déclaration du Premier ministre grec Georges Papandréou qui a conseillé, selon son bureau, à M. Kadhafi de contribuer à une issue pacifique à l'insurrection en Libye qui a fait des centaines de morts et poussé à la fuite près de 200.000 personnes depuis le 15 février.
Alors que les violents combats prennent l'allure d'une guerre civile, Paris, Washington et Londres continuent d'étudier les moyens d'arrêter la répression, dont l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne en Libye.Le vice-président américain Joe Biden se trouvait en Russie, réticente à une telle zone.
Sur le terrain, les forces de M. Kadhafi continuent leur tentative de reconquête avec leurs chars et avions de secteurs aux mains des opposants moins bien armés, bombardant des positions dans l'Est et l'Ouest, pour stopper également toute progression des insurgés.
Ceux-ci contrôlent la région orientale pétrolière ainsi que certaines localités de l'Ouest, alors que Tripoli et sa région proche sont aux mains des pro-Kadhafi.
Pour le deuxième jour consécutif, les forces pro-Kadhafi ont pilonné une position rebelle à environ 5 km à l'ouest du port pétrolier de Ras Lanouf, base la plus avancée de l'opposition dans l'Est, où une énorme explosion, selon un journaliste de l'AFP, a été entendue mercredi après-midi près d'une raffinerie située aux abords de la ville et où l'on voyait des flammes hautes de plusieurs centaines de mètres.
Une vingtaine d'obus sont tombés dans le secteur après que les pro-Kadhafi eurent repoussé une avancée des rebelles vers la ville de Ben Jawad, à quelque 30 km plus à l'ouest.
Les rebelles ont riposté par le tir d'une quarantaine de roquettes Katioucha montées sur deux camions et de deux missiles antiaériens, dont l'un a touché une antenne relais téléphonique à près de 2 km, alors que les tirs d'artillerie intensifs se poursuivaient, selon des correspondants de l'AFP sur place.
A environ 10 km à l'ouest s'élevaient deux énormes nuages de fumée noire, indiquant apparemment que les tirs des rebelles avaient touché une cible.
Des avions survolaient également le secteur mais sans lancer de raids.
"Aujourd'hui, nous avons établi des positions défensives plus en avant.Hier, nos forces ont avancé vers Ben Jawad mais nous avons été repoussés parce qu'il y avait un pilonnage intensif", a dit le colonel Massoud Mohammed, en référence à cette ville reprise dimanche par les forces loyales à M. Kadhafi.
Il a également fait état de quatre frappes aériennes près de Ben Jawad qui ont fait plusieurs blessés parmi les rebelles.
Mardi, l'essentiel des bombardements s'était concentré sur un secteur situé à environ 13 km à l'ouest de Ras Lanouf, sur la route de Ben Jawad.
A l'ouest de Tripoli, l'opposition contrôlait Zenten toujours encerclée, selon un témoin mardi, alors qu'un ancien responsable libyen ayant fait défection a fait état d'un assaut sur Zawiyah, le bastion des insurgés le plus proche de la capitale évoquant une "situation critique".
M. Kadhafi, qui a juré de réprimer dans le sang la rébellion, a donné une série d'interviews à des médias étrangers et parlé à la télévision libyenne, pour accuser pêle-mêle l'Occident et Al-Qaïda d'être responsables de la rébellion.
"Si Al-Qaïda réussit à s'emparer de la Libye, alors la région toute entière, jusqu'en Israël, sera la proie du chaos", a-t-il dit à la chaîne publique turque TRT.
Sur la zone d'exclusion, il a estimé qu'en cas de sa mise en place, "les Libyens verront ce que ces pays veulent vraiment faire -prendre leur pétrole- et ils prendront alors les armes".
"Les pays colonialistes trament un complot pour humilier le peuple libyen, le réduire à l'esclavage et contrôler le pétrole", a-t-il dit à la télévision libyenne, accusant les rebelles d'être des "traîtres" soutenus par Al-Qaïda et appelant "les habitants de Benghazi", à "libérer" la ville.
Après plus de 40 ans de règne sans partage, le dirigeant libyen a aussi de nouveau affirmé qu'il ne quitterait pas le pouvoir, malgré les sanctions internationales et l'ouverture d'une enquête de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité.
Après avoir appelé en vain à son départ, les Etats-Unis et l'Europe se sont tournés vers l'opposition, rencontrant respectivement au Caire et à Strasbourg des représentants du Conseil national de transition, mis en place à Benghazi, épicentre de l'insurrection à 1.000 de km à l'est de Tripoli.
Mais à la veille des concertations des Occidentaux à Bruxelles au sein de l'Otan et de l'Union européenne, la chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton a refusé de soutenir la reconnaissance du Conseil national, estimant que cette décision revenait "au Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement".
Paris et Londres préparent le projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU sur une zone d'exclusion aérienne, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton ayant affirmé que toute décision d'imposer une telle zone devrait être prise par l'ONU.
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