La défense de Charles Taylor, premier chef d'Etat africain poursuivi par la justice internationale, a dénoncé mercredi le procès "motivé politiquement" de l'ancien président du Liberia, qui doit, selon elle, être reconnu "non coupable".
"Si cet acte d'accusation est considéré de façon indépendante, raisonnable, sans passion, alors il ne peut y avoir qu'un seul verdict (...) celui de non culpabilité", a lancé Courtenay Griffiths aux juges du Tribunal spécial pour la Sierre Leone (TSSL) à Leidschendam, près de la Haye.
L'avocat de Charles Taylor a qualifié de "foutaises" la plupart des éléments de preuve présentés par le bureau du procureur contre son client, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité durant la guerre civile de Sierra Leone (1991-2001).
"Un procès pénal n'est pas un concours de beauté, nous ne demandons pas à cette cour d'aimer Charles Taylor", a souligné Courtenay Griffiths dans sa plaidoirie finale.Mais, a-t-il poursuivi, les juges doivent parvenir à la conclusion que l'accusation a "essayé de démontrer l'indémontrable".
L'ancien président du Liberia, qui plaide non coupable, est accusé d'avoir fourni armes et munitions en échange de diamants aux rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) durant la guerre civile en Sierra Leone, qui avait fait 120.000 morts.
Réaffirmant que Charles Taylor, 62 ans, qui comparaît depuis 2008, avait été une "cible" pour certains pays occidentaux, Courtenay Griffiths a dénoncé des poursuites "politiquement motivées".
"Pourquoi le colonel Mouammar Kadhafi n'est-il pas dans le box des accusés?", s'est-il interrogé."Qu'en est-il de Blaise Compaore?", président du Burkina Faso, a continué l'avocat, dénonçant des "poursuites sélectives".
Mouammar Kadhafi et Blaise Compaore ont également soutenu le RUF, avait reconnu en début d'audience le représentant du bureau du procureur Nicholas Kumjian.Mais, avait-il assuré, le RUF était "une armée au service d'une seule personne, Charles Taylor", son "parrain".
La défense achèvera jeudi sa plaidoirie finale et aura l'occasion, avec la défense, de prendre la parole une dernière fois vendredi.Le jugement sur la culpabilité de Charles Taylor devrait être rendu mi-2011, avant le prononcé d'une peine si l'ancien président du Liberia est reconnu coupable.
La procureure Brenda Hollis avait dénoncé dans son réquisitoire le 8 février la "cupidité et la soif de pouvoir" de Charles Taylor, responsables, selon elle, d'"atrocités".
"Il a dirigé, instauré, alimenté et soutenu la campagne de terreur", avait soutenu Mme Hollis, "pour contrôler de force la population et le territoire de Sierra Leone" et "pour piller les ressources, en particulier les diamants".
Charles Taylor aurait offert plusieurs diamants du RUF au mannequin britannique Naomi Campbell après un dîner en Afrique du Sud organisé en 1997 par Nelson Mandela, selon le témoignage de l'ancien agent du top model.
Président du Liberia de 1997 à 2003, Charles Taylor, arrêté en 2006, nie avoir reçu des diamants du RUF et plaide non coupable de onze chefs d'accusation, notamment meurtres, viols et enrôlement d'enfants soldats.
Lors du procès, délocalisé aux Pays-Bas pour des raisons de sécurité, l'accusation avait présenté 94 témoins et la défense 21.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.