Deux étudiantes, deux sœurs, une dame de 51 ans… Sept femmes confient ce 13 janvier à l’AFP avoir subi des violences sexuelles chez elles lors de braquages entre 21h00 et 05h00, commis pour la plupart par des hommes en uniformes.La police ne nie pas la présence de "brebis galeuses" dans ses rangs.
"C’était à 23h05, j’ai entendu des coups devant ma porte", témoigne Dominique (prénom changé), sous le choc des événements de la nuit du 10 au 11 janvier, quand des hommes ont cassé la vitre et forcé le cadenas de sa maison d'un quartier périphérique, Kalubwe.
Les agresseurs portaient des uniformes de la police, ajoute cette mère de famille de 26 ans (des uniformes de l’armée, corrigent ses voisins, également attaqués)."Je leur ai donné 300 dollars".
- "Combien de femmes à la maison?"-
Les braqueurs lui ordonnent de se déshabiller.L'institutrice affirme en pleurs avoir été violée par trois individus à qui elle a tenté de résister."Ils ont cru que j’étais morte.Ils sont partis dans l’autre parcelle".
"J’étais au salon", poursuit sa voisine, Patricia (prénom changé), 22 ans, qui montre une vitre brisée à l’entrée du domicile familial."Les bandits ont demandé de l’argent.Maman leur a donné 60 dollars.Après, ils ont demandé : vous avez combien de femmes à la maison ?"
"Ils ont déchiré ma robe, ils m’ont frappée", ajoute l’étudiante.
Cambriolés fin décembre dans un autre quartier, Marie et Emmanuel (prénoms modifiés) rapportent que les cambrioleurs s’en sont pris à leur petite fille de sept mois, qu’ils ont menacé de "jeter à terre".
"Quand on les a suivis, ils m’ont tabassée.Ils sont passés à l’acte", raconte Marie.Sa soeur qui vit avec le couple a également été abusée violemment.
"Depuis plus de trois ans, la province du Haut-Katanga (dont Lubumbashi est le chef-lieu) connaît une montée sans précédent de la criminalité urbaine suivie de cas de vols, de viols et de meurtres", avance la société civile dans un rapport datant de juillet.
L’insécurité chronique frappe les classes moyennes ou les pauvres des quartiers périphériques, plus que les nantis (expatriés, notables) qui vivent dans des villas sécurisées.
- "Porter plainte ne sert à rien" -
L'année 2021 ne s’annonce guère meilleure.Ce mardi 12 janvier, vers 8h00 du matin, cinq hommes armés ont braqué et blessé en plein centre-ville un "cambiste" (un agent de change).Son père avait été tué dans un braquage l’année dernière.
Sur place, ses collègues et des passants dénoncent l’inertie des forces de sécurité.Trois des cinq braqueurs présumés ont été présentés mardi au gouverneur de province.
"Porte plainte ne sert à rien", soupire un homme d'une cinquantaine d'années, attaqué lui aussi dans la nuit du 10 au 11 janvier au quartier Kalubwe.
"Il faut payer 20 dollars pour porter plainte", accuse un agent de l'Etat au ministère des Affaires foncières.
Le commissaire de police Louis Segond Karawa reconnaît "des actes de délinquances" pendant cette période de couvre-feu.
"Il y a toujours des brebis galeuses, nous ne pouvons pas le nier", ajoute-t-il au sujet de l'implication des hommes en uniforme.Les fautifs font l'objet de "sanctions sévères" - quand ils sont attrapés.
Le général reconnaît "quelques cas isolés de viols", qu’il met sur le compte du "chantage" des braqueurs.
Le couvre-feu a été décrété sur l’ensemble du territoire congolais pour enrayer la progression du coronavirus.Le pays a enregistré quelque 21.000 cas depuis le mois de mars, principalement dans la capitale Kinshasa.
Des prisonniers se sont évadés de la prison de Lubumbashi fin septembre lors d’une descente de rebelles sur la ville.
Des voix de la société civile mettent également l'insécurité sur le compte d'un vieux conflit communautaire entre "Katangais" et "Kasaïens", ravivé par la crise politique entre le président Félix Tshisekedi (soutenu par les Kasaïens), et son prédécesseur Joseph Kabila, un Katangais.
Kabila s'est d'ailleurs replié dans son fief de Lubumbashi depuis mi-décembre.Un collectif katangais a appelé mercredi la population victime d'insécurité à se prendre "en charge" face à des "délinquants politiquement instrumentalisés", en visant "des jeunes" venus des provinces du Kasaï voisin.
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