M. Stora, qui a remis mercredi son rapport sur la colonisation et la guerre d'Algérie au président français Emmanuel Macron, a été très critiqué dans certains médias algériens, notamment pour ne pas avoir pris position en faveur d'"excuses" de la France."J'ai simplement proposé dans mon rapport une méthode qui est la mienne depuis longtemps: connaître les motivations, la trajectoire de tous les groupes de mémoire frappés par cette guerre dévastatrice, patiemment, pour faire reculer les préjugés et le racisme", se défend M. Stora, spécialiste de l'histoire contemporaine de l'Algérie, dans le journal oranais."Les discours d'excuses ne doivent pas être des mots prononcés un jour pour se débarrasser le lendemain d'un problème si profond", ajoute l'historien.Face à une histoire complexe, "mon rapport propose précisément une méthode qui privilégie l'éducation, la culture, par la connaissance de l'autre, et de tous les groupes engagés dans l'histoire algérienne", affirme M. Stora.La publication de son rapport, commandé en juillet par Emmanuel Macron, n'a pas encore suscité de réaction officielle à Alger, en l'absence du président Abdelmadjid Tebboune, actuellement soigné en Allemagne pour des "complications" post-Covid-19."Ce rapport ne nous a pas été adressé officiellement et nous ne pouvons pas réagir sur la base de ce qui a été rapporté par la presse", a commenté lundi le binôme algérien de M. Stora, le directeur des archives nationales Abdelmadjid Chikhi, chargé d'un travail parallèle sur la question mémorielle. "Les relations entre Etats ne sont pas gérées comme ça", a-t-il expliqué dans le quotidien francophone El Watan.- "Demande historique" -De nombreuses critiques ont émané de médias locaux et d'Algériens déplorant que le principe "d'excuses" ait été écarté."Le rapport Stora ne prend pas en compte la principale demande historique des Algériens, la reconnaissance par la France des crimes commis par la colonisation", a tweeté Abdelaziz Rahabi, ex-ministre et diplomate algérien.Dans un entretien avec l'AFP, l'historien algérien Fouad Soufi a néanmoins salué la volonté de M. Stora de "tisser des passerelles entre les deux pays" malgré les positions extrémistes d'un côté comme de l'autre. Outre quelques réserves sur le contenu du rapport, M. Soufi, spécialiste des archives nationales algériennes, estime que le travail de son collègue "a été tout sauf sectaire" et qu'il a le mérite d'"ouvrir un débat en Algérie".En France, le Comité national de liaison de harkis (CNLH), ces supplétifs qui ont combattu pour la France et considérés comme des traîtres par beaucoup d'Algériens, a accusé M. Stora de "minimalisme". Il a demandé "la reconnaissance par l'État français de sa responsabilité dans l'abandon et le massacre des harkis".La "réconciliation des mémoires" antagonistes sur la colonisation française et la guerre d'indépendance (1954-1962) est un des dossiers prioritaires entre Alger et Paris.Emmanuel Macron et son homologue Abdelmadjid Tebboune se sont engagés dimanche à retravailler bientôt ensemble, notamment sur ce dossier mémoriel, dès le retour à Alger du président algérien.
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