Paris demande à la Guinée de faire "toute la lumière" sur les opposants détenus

Infos. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a appelé mercredi le président guinéen Alpha Condé à "faire toute la lumière" sur les opposants en prison, agitant la menace de "mesures" à l'encontre de Conakry.

Paris demande à la Guinée de faire "toute la lumière" sur les opposants détenus
"Avec l'Union européenne, nous avons demandé aux autorités de Guinée de faire toute la lumière sur les événements qui se déroulent en ce moment, avec éventuellement des mesures à prendre si cette lumière n'est pas faite", a-t-il déclaré au Sénat."Nous condamnons la poursuite des détentions hors procédures judiciaires d'opposants", a-t-il ajouté.Le ministre s'est notamment inquiété du sort du Franco-Guinéen Ousmane Diallo, membre du parti du principal adversaire du président Condé, Cellou Dalein Diallo, "incarcéré" et entendu par la justice malgré de "graves soucis de santé".Ousmane Diallo va bénéficier de la protection consulaire de la France, qui permet de vérifier les conditions de détention, l'état de santé et l'accès à un avocat pour tout ressortissant français détenu à l'étranger, a précisé Jean-Yves Le Drian.La Guinée a été pendant des mois en proie à une profonde crise causée par la candidature controversée de M. Condé à un troisième mandat à la faveur d'une révision constitutionnelle. La contestation, durement réprimée, a fait des dizaines de morts depuis octobre 2019.En novembre, M. Condé a été proclamé vainqueur au premier tour de la présidentielle par la Cour constitutionnelle, malgré les mises en doute de la régularité du vote. Les semaines avant et après l'élection ont vu l'arrestation de centaines d'opposants, selon Amnesty International et Human Rights Watch.Les Etats-Unis et l'Union européenne ont dénoncé la semaine dernière la mort en détention de deux opposants, Mamadou Oury Barry le 16 janvier et Roger Bamba en décembre, due à des causes "naturelles" selon le gouvernement, mais qualifiée d'atteinte grave aux droits humains par Amnesty International.Le parquet guinéen a requis lundi dix ans de prison ferme contre un autre opposant, Mamady Condé, poursuivi pour "atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation" après avoir publié des textes contre un troisième mandat d'Alpha Condé et des vidéos critiques contre le pouvoir."A plusieurs reprises, nous avons marqué la nécessité d'un dialogue entre les autorités et l'opposition afin de permettre une réconciliation de tous les Guinéens qui méritent aujourd'hui un climat politique apaisé", a également souligné M. Le Drian en soulignant l'avoir expressément dit au président Condé lors de l'investiture du président ghanéen Nana Akufo-Addo, le 7 janvier à Accra.En décembre, le président français Emmanuel Macron avait adressé ses "voeux de succès" à son homologue guinéen mais s'était abstenu de le féliciter après sa réélection.Dans un entretien avec l'hebdomadaire Jeune Afrique publié le 20 novembre, il lui avait reproché d'avoir "organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir".

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