Le Premier ministre zimbabwéen Morgan Tsvangirai s'est résolu jeudi, après l'arrestation de plusieurs membres de son parti, à demander de nouvelles élections pour mettre un terme au "dysfonctionnement" du gouvernement d'union.
Morgan Tsvangirai, qui refusait jusqu'à présent les appels à un scrutin rapide formulés par le président Robert Mugabe, a effectué cette volte-face après l'interpellation d'un de ses proches, le ministre de l'Energie Elton Mangoma.
"Malgré notre patience légendaire, nous avons atteint un point où nous disons: ça suffit!", a-t-il lancé lors d'une conférence de presse au siège de son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC).
"Il faut reconnaître que (la coalition) ne marche pas, elle est dysfonctionnelle", a-t-il poursuivi en réclamant un "divorce à l'amiable" avec le chef de l'Etat.
"Commençons à préparer des élections avec une feuille de route de la SADC (la Communauté de développement d'Afrique australe), de manière à avoir un gouvernement clair et légitime", a-t-il ajouté.
Morgan Tsvangirai partage depuis deux ans le pouvoir avec son ancien rival, Robert Mugabe, 87 ans et au pouvoir depuis l'indépendance en 1980.
Leur coalition fonctionne difficilement et le chef de l'Etat réclame depuis octobre des élections à la mi-2011.
Jusqu'à présent, le Premier ministre et le MDC avaient estimé que les conditions n'étaient pas réunies pour un scrutin libre et équitable et exigé l'adoption d'une nouvelle Constitution en préalable à tout scrutin.
Mais l'arrestation d'Elton Mangoma, après celles de deux députés du MDC et de militants des droits de l'Homme, a fait déborder le vase.
"Son arrestation est une agression à l'accord de partage du pouvoir", a lancé le Premier ministre."C'est la preuve d'un mépris total pour la décence."
Le ministre de l'Energie, que la presse d'Etat accuse depuis quelques semaines de malversations dans l'attribution d'un marché public, a été interpellé jeudi matin à son bureau.La police a confirmé l'arrestation, sans plus de détail.
Elle maintient par ailleurs en détention le député MDC Douglas Mwonzora, arrêté il y a une dizaine de jours pour "violences politiques" et son collègue Rodgers Tazviona, interpellé la semaine dernière pour "possession de cannabis".
La police a également arrêté en février une quarantaine de personnes qui débattaient des révoltes populaires en Tunisie et en Egypte.Huit d'entre elles, dont l'ancien député MDC Munwaradzi Gwisai, sont toujours en prison.
Pour Morgan Tsvangirai, ces arrestations sont le travail d'"une dictature barbare et insensée".
Ces accusations interviennent alors que la Cour suprême du Zimbabwe a annulé jeudi l'élection en 2008 d'un haut responsable du MDC, Lovemore Moyo, comme président du Parlement, suite à une requête d'un proche du président.
Le parti présidentiel, "la Zanu-PF tente d'utiliser les tribunaux pour regagner ce qu'il a perdu dans les urnes", a commenté Morgan Tsvangirai.
Lors des élections de mars 2008, la Zanu-PF avait perdu pour la première fois depuis l'indépendance en 1980 la majorité au Parlement.Le scrutin avait été suivi par une vague de violences qui, selon le MDC, a fait plus de 200 morts dans ses rangs.
Face à ce déferlement de violences, Morgan Tsvangirai, arrivé en tête du premier tour de la présidentielle, avait renoncé au second tour, que le président Mugabe, seul en lice, avait logiquement remporté.
Sous la pression de la SADC, rendu impuissant par une économie en ruines, le chef de l'Etat avait accepté de former un gouvernement d'union, qui a prêté serment en février 2009.
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