Emmanuel Macron participait, en visioconférence depuis Paris, à un sommet G5 Sahel réunissant depuis lundi à N'Djamena cinq pays du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie et Tchad), censé dresser un bilan des actions menées depuis le sommet de Pau (sud-ouest de la France) il y a un an.
En dépit des succès tactiques revendiqués, le tableau demeure très sombre.Plus de huit ans après le début, dans le Nord du Mali, d'une crise sécuritaire qui continue à étendre ses métastases à la sous-région, quasiment pas un jour ne passe au Mali, au Burkina Faso et au Niger sans une attaque.La barre des deux millions de déplacés a été franchie en janvier.
Depuis le sommet de Pau, où Paris avait annoncé l'envoi de 600 soldats français en renfort au Sahel et désigné l'organisation Etat islamique au grand Sahara (EIGS) "ennemi numéro 1" dans la région, "nous avons réussi à obtenir de véritables résultats dans la zone des trois frontières", entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, et l'EIGS "a perdu son emprise et subit de nombreuses pertes", a fait valoir le président français.
Mais les organisations affiliées à Al-Qaïda regroupées au sein du GSIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans) continuent de revendiquer de multiples attaques, a souligné M. Macron, en promettant "une action renforcée" pour "essayer d'aller décapiter ces organisations", "dont la plus haute hiérarchie continue à nourrir un agenda jihadiste".
De son côté, le Mali s'était dit prêt courant 2020 à ouvrir des canaux de discussion avec ces groupes affiliés à Al-Qaïda, dont la katiba Macina. Des émissaires ont été envoyés vers Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa, deux figures du GSIM, nébuleuse jihadiste liée à Al-Qaïda responsable de nombreuses attaques.
- "sursaut" politique nécessaire -
Très peu d'informations ont filtré sur ces contacts jusqu'au renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020.Les militaires, qui ont depuis lors mis en place une transition censée rendre le pouvoir aux civils dans un délai de 18 mois, ont affiché leur volonté de donner un nouveau départ au pays.
En octobre 2020, lors d'une visite à Bamako du chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, qui avait exclu toute discussion avec les jihadistes, le Premier ministre malien de transition, Moctar Ouane, avait souligné que le "dialogue national inclusif", vaste concertation nationale tenue fin 2019, avait "très clairement indiqué la nécessité d'une offre de dialogue avec les groupes armés" jihadistes.
Si la France ne cache pas vouloir réduire sa présence militaire au Sahel, le président Macron n'a finalement pas évoqué mardi de réduction des effectifs de l'opération antijihadiste Barkhane, qui compte actuellement quelque 5.100 hommes au Sahel."L'intention est là, les modalités seront décidées au cours des prochaines semaines et prochains mois", selon l'Elysée.
M. Macron a salué mardi la décision annoncée la veille par le président tchadien Idriss Déby Itno d'envoyer 1.200 soldats dans cette zone des "trois frontières".C'est "une décision forte et courageuse qui viendra conforter la force du G5 Sahel", a-t-il commenté.Le chef de l'Etat a également remercié les pays européens participant au nouveau groupement de forces spéciales Takuba, "qui acceptent ainsi de mutualiser le risque du sacrifice ultime que prennent nos soldats".
Au-delà du volet militaire, le président français a insisté sur la nécessité de "donner une perspective aux populations du Sahel", en appelant à un "deuxième sursaut: celui du retour de la sécurité et des services aux populations" et en réclamant "une impulsion au plus niveau de l'Etat" pour réinvestir les territoires délaissés de la région.
"C'est par le collectif et l'action concrète sur le terrain que nous réussirons.La France continuera d'y prendre sa part parce que je sais que chacun est ici mobilisé", a-t-il conclu.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.