Près d'une semaine après le lancement de l'attaque, des milliers de personnes étaient rassemblées sur les côtes ou devant la porte du site gazier piloté par le groupe français Total, sur la péninsule d'Afungi, espérant y trouver de l'aide, selon des humanitaires.Le méga-projet de plusieurs milliards d'euros n'est qu'à une dizaine de km.
Les groupes armés, connus localement sous le nom d'Al-Shabab ("les jeunes" en arabe), terrorisent cette région pauvre, frontalière de la Tanzanie, depuis plus de trois ans.
Dans le port de Pemba, à plus de 200 km au sud, des navires et pirogues transportant des rescapés sont arrivés ces derniers jours, au compte-gouttes. Les organisations humanitaires s'attendaient à une arrivée importante de survivants dans la capitale de la province du Cabo Delgado, mais c'est un calme tendu qui y règne, selon un photographe de l'AFP sur place.
"Il y beaucoup de familles ici à la recherche d'un proche, je ne sais pas exactement de quelles nationalités mais il y a de tout", a raconté à l'AFP Anda Assane, 38 ans, de Pemba. Les communications sont interrompues depuis plusieurs jours dans cette zone, aggravant l'anxiété des familles.
Pieds nus et effrayé, un garçon de 12 ans est arrivé sur une petite embarcation.Il a fui par la plage de Palma, sans sa famille."J'ai sauté dans l'eau, j'ai nagé jusqu'au bateau et je me retrouve ici", a-t-il raconté à l'ONG Save the Children.
Sans ressources, des centaines d'autres sont partis à pied, parcourant des kilomètres à travers la brousse vers la frontière tanzanienne au Nord, ou vers des camps de déplacés à l'intérieur des terres, selon plusieurs témoignages et l'ONU.
Beaucoup arrivent épuisés, affamés, en état de choc.
- "Affrontements sporadiques" -
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) fait déjà état d'au moins 3.360 personnes déplacées de Palma.
Sur les plus de 110.000 personnes vivant dans le district de Palma, la ville et ses environs, 40% avaient déjà fui les violences dans d'autres parties de la province, selon l'ONU.
A Palma, les violences ont faibli.Depuis dimanche, des témoins décrivent ce qui était une destination touristique il y a quelques années encore comme une ville fantôme. Mais des affrontements sporadiques se poursuivent, selon l'ONU.
Le 24 mars, des commandos ont attaqué la ville, tuant des dizaines de civils, policiers et militaires.La ville est tombée entre leurs mains dans la nuit de vendredi à samedi.
Le raid, minutieusement planifié, et revendiqué ensuite par le groupe Etat islamique (EI), a commencé peu après le débarquement d'une importante cargaison de nourriture dans la ville côtière la plus septentrionale, inaccessible par la route depuis des mois en raison de l'insécurité.
Le propriétaire d'une entreprise de sécurité privée engagée au Mozambique, Lionel Dyck, a affirmé à la BBC que des chauffeurs de camions de nourriture avaient été décapités.
"Certains rebelles sont partis mais on pense que d'autres se cachent encore" dans le coin, affirme Adriano Nuvunga, directeur du Centre pour la démocratie et le développement à Maputo.Joint par l'AFP, il évoque des images montrant des dizaines de corps gisant sur la plage.
L'ONG Acled recensait déjà 2.600 morts avant la dernière attaque, dont la moitié de civils.Les violences sont aussi à l'origine d'une grave crise humanitaire, qui risque encore de s'aggraver, avec plus de 670.000 personnes forcées à quitter leur foyer, selon l'ONU.
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