Guinée: la résistance à la lutte contre Ebola reste élevée, selon la Croix-Rouge

Infos. Au moment où Ebola réapparaît en Guinée, les mesures pour tenter de contenir le virus mortel se heurtent à la résistance des populations, a mis en garde un responsable de la Croix-Rouge dans un entretien à l'AFP.

Guinée: la résistance à la lutte contre Ebola reste élevée, selon la Croix-Rouge

"Ce que nous voyons sur le terrain c'est pas mal de résistance au sein des communautés et aussi des réticences religieuses", a expliqué Emanuele Capobianco, directeur Santé et Soins au sein de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), vendredi.

Ce n'est pas surprenant pour le médecin: "Ebola est une maladie qui fait peur aux gens.C'est une maladie terrible qui tue beaucoup".

De fait, le virus se transmet par les fluides corporels et le taux de mortalité est élevé, autour de 50% en général.

La réapparition de la maladie en Guinée, à la suite de décès fin janvier, a été constatée mi-février et depuis, les autorités et les acteurs internationaux se sont fortement mobilisés pour stopper les possibles contagions, isoler et traiter les malades et lancer une campagne de vaccination.

Pour l'heure, 18 cas ont été signalés.Quatorze cas sont confirmés dont 4 personnes qui sont décédées, selon les derniers chiffres de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), vendredi.

"Le retour de cette maladie crée naturellement beaucoup d'angoisse", souligne le docteur Capobianco.

"Il y a énormément de traumatisme", qui selon lui "se traduit dans des contestations".

La pire épidémie d'Ebola - un virus identifié pour la première fois en 1976 dans l'actuelle République démocratique du Congo (RDC) - est partie en décembre 2013 de Guinée forestière, avant de se propager au Liberia et à la Sierra Leone voisins. 

Elle s'était achevée en 2016 après avoir fait plus de 11.300 morts pour quelque 28.600 cas recensés, à plus de 99% dans ces trois pays - sur dix touchés, dont l'Espagne et les Etats-Unis - un bilan vraisemblablement sous-évalué, selon l'OMS.

Durant cette première épidémie d'Ebola enregistrée en Afrique de l'Ouest, les populations locales se sont parfois révoltées contre l'intrusion d'étrangers en combinaison de protection.

Ces réactions avaient culminé avec le massacre en septembre 2014 de huit membres d'une équipe de sensibilisation à Womey, en Guinée forestière.

- Cérémonies funéraires plus sûres -

La FICR, qui est très impliqué dans de nombreux aspects de la lutte contre la maladie en Guinée, a notamment contribué à développer une approche plus sûre des cérémonies funéraires, dans le respect  des traditions autant que faire se peut.

Cette dimension est cruciale parce que les personnes tout juste décédées sont les plus contagieuses, ce qui rend les pratiques funéraires traditionnelles, comme le lavage du corps, très dangereuses.

Ainsi en Guinée, plusieurs personnes ont été contaminées lors des funérailles d'une infirmière de 51 ans, le premier cas connu de cette nouvelle épidémie.

Le Dr Capobianco souligne que la FICR avait déjà dû surmonter de fortes résistances pour introduire ses nouvelles pratiques funéraires lors de la précédente épidémie.

Ces enterrements "ont un impact immense en termes de réduction de la transmission", explique-t-il, ajoutant: "Nous n'avons pas toujours pu le faire parce que la communauté a tout simplement refusé de laisser les équipes de la Croix-Rouge procéder aux funérailles".

Mais "c'est un problème qui peut être réglé", insiste-t-il, "en étant à l'écoute des communautés, en réfléchissant à leurs peurs, en expliquant ce qu'est la maladie et en montrant qu'avoir Ebola n'est pas synonyme d'une condamnation à mort", dit-il.

La bataille contre Ebola est moins déséquilibrée aujourd'hui, grâce aux vaccins et des médicaments qui n'existaient pas lors de l'épidémie de 2013-2016 et font baisser la mortalité.

Plus de 1.600 personnes, y compris des cas contact et les personnels soignants ont déjà été immunisés, selon l'OMS.

Le premier employé de la FICR a été vacciné vendredi, raconte le Dr Capobianco.

"Cette fois-ci nous pouvons déployer des outils très puissants", dit-il et "tant que nous pouvons convaincre les communautés et que nous les associons à la lutte (contre l'épidémie) nous devrions être en mesure de garder le contrôle".

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