Le 24 mars, des groupes armés ont attaqué la ville portuaire, tuant des dizaines de civils, policiers et militaires. Le raid soigneusement préparé, lancé à seulement quelques kilomètres d'un méga projet gazier piloté par le groupe français Total, a été revendiquée par le groupe Etat islamique (EI).Sur des bateaux de pêche ou à pied, des milliers de survivants ont fui la ville de 75.000 habitants. Beaucoup ont été recueillis par les Nations unies et les ONG, déshydratés, pieds nus et en état de choc, après plusieurs jours passés dans le bush sans rien à boire ni manger.D'autres ont été évacués par avions humanitaires, majoritairement des femmes et des enfants, ainsi que par bateau. Mais des milliers d'entre eux restent encore introuvables.Au port de Pemba, à plus de 200 km de là, un ferry transportant 1.200 personnes commençait lentement à désembarquer après les contrôles de police, a constaté un photographe de l'AFP. Sur les quais, une femme en pleurs qui espérait voir son fils descendre du bateau s'est jetée dans les bras d'une autre. Plus loin, toute l'expression de la douleur se lisait sur le visage d'un homme mince, masque sur le nez couvert d'une poussière ocre, qui sanglotait les mains crispées devant la bouche.Il y a "encore beaucoup de nouveaux arrivants", a déclaré à l'AFP Juliana Ghazi, porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés à Pemba, ajoutant que la situation est encore loin d'un "retour à la normale".Malgré déjà plusieurs évacuations, le nombre de personnes rassemblées sur la péninsule d'Afungi, près du site de Total, a encore gonflé jeudi. Après l'attaque, entre 6.000 et 10.000 personnes sont allées frapper à la porte du site gazier, espérant y trouver de l'aide. Des dizaines de rescapés continuaient aussi à affluer dans les provinces voisines vers les camps de déplacés, a décrit à l'AFP un travailleur humanitaire. En une semaine, 8.100 personnes sont arrivées dans les districts environnants, selon l'ONU.Exprimant sa "plus grande préoccupation" face à la "menace" que représentent les groupes terroristes présents en Afrique australe, l'Union africain (UA) a appelé mercredi à "une action régionale et internationale urgente". La Communauté des Etats d'Afrique australe (SADC) s'est réunie mercredi en urgence à Harare pour discuter des violences.Des groupes armés, connus localement sous le nom d'Al-Shabab ("les jeunes" en arabe), ravagent la province pauvre mais riche en gaz du Cabo Delgado, frontalière de la Tanzanie, depuis plus de trois ans.L'armée mozambicaine a lancé mercredi une offensive pour tenter de reprendre la ville de Palma, aux mains des rebelles depuis samedi.Les violences dans la région sont à l'origine d'une crise humanitaire, qui risque encore de s'aggraver, avec plus de 670.000 personnes contraintes de quitter leur foyer, selon les Nations unies. L'ONG Acled recensait déjà 2.600 morts avant l'attaque de Palma, dont la moitié étaient des civils.
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