Procès Bouaké : les Français n'avaient "pas l'ordre d'arrêter les pilotes", selon le commandant

Infos. Les soldats français n'ont pas arrêté les pilotes qui venaient de bombarder un de leurs camps en 2004 en Côte d'Ivoire car ils n'en avaient pas reçu l'ordre et que ce n'était pas la priorité à l'époque, a déclaré vendredi leur commandant sur place.

Procès Bouaké : les Français n'avaient "pas l'ordre d'arrêter les pilotes", selon le commandant
Trois pilotes biélorusse et ivoiriens accusés d'avoir mené pour l'armée ivoirienne ce bombardement qui a tué neuf soldats français et blessé une quarantaine d'autres à Bouaké sont jugés depuis lundi en leur absence devant la cour d'assises de Paris.Entendu vendredi, le commandant des forces françaises à Bouaké à l'époque, le général Patrick Destremau, a expliqué avoir reçu l'ordre de détruire les chasseurs qui avaient bombardé le camp, ce qui a été fait rapidement, mais pas d'arrêter les pilotes.Le bombardement surprise de l'armée ivoirienne sur la force de paix française, chargée par l'ONU d'éviter un embrasement avec les rebelles du Nord, a fait sortir l'armée française "de sa mission" de paix, et la France a en représailles pris une décision, détruire l'aviation ivoirienne pour protéger ses forces d'autres bombardements éventuels, a-t-il expliqué à la barre."Donc nous sommes dans le cadre du combat, il n'y a pas de responsabilité individuelle" et de recherche ou ordre d'arrestation des pilotes, a souligné le général Destremau. Sur le moment, les interpeller n'a "pas de sens", car "la mission est de protéger nos forces".A l'époque, "personne n'a l'idée qu'on puisse se trouver comme aujourd'hui", plus de 15 ans après, "dans un cadre juridique", a-t-il ajouté.Juste après avoir bombardé le camp français, les chasseurs ivoiriens ont atterri à l'aéroport proche de Yamoussoukro, utilisé par l'armée ivoirienne mais aussi par les forces françaises, qui auraient pu alors tenter de les interpeller.Mais aucun ordre n'est venu, a confirmé devant la cour le chef du détachement français sur place à l'époque, le capitaine Franck Bellamy."Si on m'avait donné l'ordre d'appréhender les pilotes, bien entendu je ne me serais même pas posé la question", a-t-il ajouté, en précisant qu'il n'était, au moment où les avions ont atterri, pas au courant que ces chasseurs venaient de bombarder un camp français.Mais "on était là en force d'interposition" et "il n'y avait pas d'ordres clairs", a-t-il regretté.La cour a également évoqué la question des "boîtes noires", ces enregistreurs de vols qui, si les deux chasseurs ivoiriens en étaient pourvus, auraient pu permettre d'en savoir plus sur les causes toujours obscures de ce bombardement. Les Français auraient pu tenter de les récupérer sur le tarmac de Yamoussoukro mais le général Destremau a déclaré n'avoir "jamais reçu l'ordre" de le faire, soulignant que la priorité était alors d'éviter de nouvelles attaques et de protéger les ressortissants français et européens menacés par les manifestations à Abidjan.Personnes n'a depuis mis au jour ces boîtes noires, ou même confirmé leur existence.Jeudi à la barre, la femme d'un soldat français mort dans le bombardement avait affirmé, à la surprise générale, qu'en 2006, la femme du général Destremau, dont il est aujourd'hui divorcé, lui avait confié que son mari "avait les boîtes noires" des chasseurs. "Ce qui s'est dit à ce moment-là, je ne sais pas", a juste déclaré le général Destremau, ému et visiblement touché qu'on puisse suggérer qu'il aurait pu cacher des choses dans cette affaire.Jugés pour assassinats, les trois pilotes accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès se poursuit jusqu'au 16 avril.

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