Il y a près de six mois, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale au Tigré pour arrêter et désarmer les dirigeants du parti localement au pouvoir, le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui a longtemps dominé la politique éthiopienne. M. Abiy, prix Nobel de la paix en 2019, les accusait d'avoir attaqué des bases militaires fédérales et a promis que les combats s'achèveraient rapidement. Mais alors que la guerre se prolonge, le "désastre humanitaire" s'aggrave au Tigré, a affirmé lundi le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, reflétant l'inquiétude de la communauté internationale, notamment sur l'implication des troupes érythréennes dans la région. Ces inquiétudes se sont reflétées ce mois-ci dans plusieurs présentations faites par le Centre de coordination d'urgence du gouvernement d'intérim au Tigré, nommé par M. Abiy, à destination d'organisations humanitaires, et dont l'AFP s'est procuré des copies. La plus récente, datée du 23 avril, affirme que des soldats érythréens ont chassé de divers endroits du Tigré, dont les zones de Samre et de Gijet, au sud de la capitale régionale Mekele, des humanitaires distribuant de l'aide alimentaire. Elle ajoute, dans un anglais approximatif, que les soldats érythréens ont commencé à s'inviter dans les distributions alimentaires au Tigré, pillant les ressources après que les bénéficiaires "s'effrayent et s'enfuient".Un responsable du gouvernement d'intérim qui prenait part à la présentation du 23 avril a par ailleurs déclaré à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que les travailleurs humanitaires étaient frustrés de ne pouvoir accéder à certaines zones."Certains membres d'ONG pleuraient face aux refus systématiques (...) Certains criaient, pleuraient, parce qu'ils n'avaient plus d'espoir", a-t-dit, ajoutant que les responsables gouvernementaux qui coordonnent l'aide d'urgence étaient aussi à bout. Le ministre de l'information érythréen Yemane Gebremeskel a nié ces accusations mardi. "Il est impossible que l'Erythrée bloque de l'aide humanitaire ou la pille", a-t-il écrit mardi dans un mail à l'AFP. Le général éthiopien Yohannes Gebremeskel Tesfamariam, responsable d'un poste de commandement au Tigré, a déclaré mardi à l'AFP qu'au cours des "deux dernières semaines, nous avons eu des problèmes d'accès pour passer des barrages (routiers), notamment ceux contrôlés par les Erythréens", citant en exemple un carrefour important entre les villes d'Adigrat et d'Aksoum. "Nous avons envoyé nos équipes parler avec les commandants érythréens de ce barrage. Nous attendons toujours la réponse", a poursuivi M. Yohannes. Les combats au Tigré ont perturbé les récoltes dans une région qui était déjà en proie à l'insécurité alimentaire. Le gouvernement de M. Abiy a assuré mi-avril que personne n'était mort de faim pendant la guerre.
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