C'est une fin d'après-midi d'automne austral et l'obscurité tombe doucement sur ce skatepark de la banlieue résidentielle de Sandton, au nord de Johannesburg. De jeunes skateurs, certains torse nu, s'élancent, virevoltent en l'air et retombent en faisant claquer leurs roues sur le béton.
De l'autre côté du grillage, un petit groupe observe et gratifie les meilleurs enchaînements de quelques applaudissements.
Une planche, quatre roues, Brandon Valjalo noue ses cheveux longs en queue de cheval et repart. Le skateur de 22 ans, visage enfantin et regard clair, s'entraîne inlassablement dans les parcs publics ou celui construit dans son jardin.
Il va parfois jusqu'en Californie, eldorado de la discipline.Mais ce sont les rues "défoncées" d'Afrique du Sud qui l'ont amené là où il est.Comme on s'entraîne dans le sable pour mieux courir sur bitume, dit-il.
Aujourd'hui, le natif de "Joburg", qui se rappelle encore les longs trajets en voiture à travers la métropole sud-africaine pour trouver le bon spot, est invité dans les plus prestigieuses compétitions européennes.
Les qualifications pour Tokyo doivent reprendre en mai, après une année de suspension pour cause de pandémie.
Les vingt meilleurs mondiaux ont la garantie d'avoir une place.Loin, à la 49e place, Brandon Valjalo a quand même une bonne chance de se qualifier en "street" au titre du quota alloué au continent africain.Dans cette spécialité, les skateurs réalisent des figures sur des modules reproduisant le mobilier urbain.
- Trottoirs et parkings -
Représenter son pays aux prochains Jeux olympiques serait un "honneur", souffle celui qui a pour modèles l'icône du basket Lebron James et la star du foot Cristiano Ronaldo.Et ça lui permettrait peut-être de faire du skate "un vrai métier."
"C'est un rêve qui se réalise", dit l'étudiant en marketing, le visage radieux.
Le skateboard, né au sein de la contre-culture californienne des années 60 avant de prospérer sur les trottoirs et parkings américains, est arrivé un peu par hasard jusqu'au jeune Sud-Africain.
À trois ans, il grimpe sur le vieux skate de son grand frère, trouvé dans le garage.A 14 ans, il commence la compétition et remporte son premier championnat un an plus tard.Aujourd'hui, sa collection de trophées est impressionnante.
Le skate, ça représente "la liberté de faire tout ce que tu veux", dit-il."C'est pas comme les sports traditionnels, tu oublies que tu t'entraînes tellement t'adores ça".
Pour certains, le skateboard, et l'esprit libre qu'il incarne, n'a pas sa place aux Jeux.Mais pour le champion sud-africain, qui compte 28.000 followers sur Instagram, ce sport autrefois underground a désormais acquis une popularité suffisante, et la capacité d'attirer des spectateurs.
Il est convaincu que les JO permettront d'effacer le cliché du skateur marginal qui traîne ses guêtres "et fume de l'herbe".
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