"En y regardant de plus près, j'ai compris que c'était l'argent que le gouvernement nous promet" depuis avril, raconte à l'AFP la jeune divorcée de 27 ans, faisant référence à un plan d'aides d'urgence à destination d'un million de Malawites, les plus durement touchés par la pandémie de Covid-19.
De l'argent tombé du ciel, pour cette mère de famille."J'avais fait une croix dessus", assure-t-elle en continuant à éplucher des pommes de terre sur son stand au bord de la route, à Nthandire, près de la capitale Lilongwe.
Elle vient de recevoir l'équivalent de deux mois d'aides et devrait théoriquement recevoir un mois supplémentaire... Mais cet argent arrive avec près d'un an de retard.Entre-temps le président du pays a changé et le nouveau gouvernement a réduit le nombre de bénéficiaires à quelque 200.000 personnes.
Dans ce pays d'Afrique australe, un des plus pauvres du monde, le Covid a considérablement fragilisé les petites entreprises et encore aggravé la misère. Le gouvernement a commencé à distribuer 9,5 milliards de kwacha (plus de 21 millions d'euros) aux citoyens les plus affectés.
L'ancien président avait promis en avril 2020 de leur donner l'équivalent de 33 euros par mois, le salaire minimum.Mais deux mois après sa promesse, le chef de l'opposition, Lazarus Chakwera, était élu pour le remplacer.
- "Trop pauvres" -
Le nouveau gouvernement n'a commencé la distribution de l'aide que la semaine dernière, décidant de cibler les quartiers pauvres autour des principales villes où le chômage explose et l'économie repose sur des petits boulots.
Des inquiétudes sur un détournement de ce fonds d'aides soutenu par la Banque mondiale, l'ONU et l'UE, commencent par ailleurs à faire surface.Le mois dernier, un scandale concernant le pillage par des membres du gouvernement d'un autre fonds Covid a obligé le président à limoger 40 personnes.
"Nous avons le devoir moral et civique de tout faire pour que pas un seul centime destiné à sauver des vies ne soit volé, détourné ou gaspillé", a-t-il martelé.Une enquête a été ouverte.
Le Malawi compte officiellement plus de 32.000 cas de contaminations par le coronavirus et un millier de morts.
Le plan d'urgence offrira à certains un "tremplin" pour remonter la pente, mais l'économiste malawite Bernard Mphepo met en garde contre toute attente irréaliste.
"Nous sommes trop pauvres pour maintenir ce type de programme", dit-il simplement.
Jusqu'en janvier, le Malawi était un des rares pays à ne pas avoir opté pour un confinement pour lutter contre le virus.Une série de restrictions ont ensuite été décidées avec notamment la mise en place d'un couvre-feu nocturne et la fermeture des écoles pendant trois semaines.
Un défenseur des droits de l'Homme, Gift Trapence, qui était allé devant les tribunaux pour empêcher le gouvernement d'imposer un confinement pour sauver l'économie, a salué le versement, même tardif, des aides.
Il a néanmoins mis en garde contre de possibles détournements, rappelant: "nous avons vu ce qui est arrivé aux fonds Covid placés sous leurs responsabilités".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.