"On l'a vue s'effondrer", raconte à l'AFP une employée d'un salon de coiffure au coin de la rue. "Quelqu'un a essayé de l'aider mais ...", ajoute-t-elle en faisant les gestes d'un massage cardiaque. Le corps d'un homme, jeune, recouvert d'une couverture de survie, était allongé sur le trottoir à quelques rues de l'Université du Witwatersrand (Wits), ont constaté des journalistes de l'AFP. Selon la faculté, l'une des plus importante du pays avec près de 40.000 inscrits, la victime n'était pas un étudiant. "Les manifestants ont bloqué la voie publique, la police a essayé de les disperser et un passant a été abattu dans les tirs croisés", a déclaré la porte-parole, Shirona Patel. Des affrontements ont éclaté lorsque la police a tiré avec des balles en caoutchouc pour disperser un groupe d'étudiants qui bloquaient les rues avec des gravats et bloquaient la circulation dans le centre de Johannesburg, aux alentours du campus.Ils protestaient contre le refus de l'université d'inscrire ceux en retard dans le paiement de leurs frais de scolarité.Après plusieurs heures, la police scientifique est arrivée sur place pour examiner le corps. Un impact de balle était visible au niveau de l'abdomen, a constaté une journaliste de l'AFP. "Les étudiants couraient et la police les poursuivait. Un fourgon de police est arrivé et ils ont commencé à tirer. L'homme sortait du bâtiment à côté, une clinique. Il s'est fait tué, juste comme ça", dit une employée d'un fast-food situé à l'endroit de la fusillade. "La police a tiré, puis elle est partie en laissant le corps au sol", déplore Thabang, 23 ans, étudiant en ingénierie, qui participait au mouvement. "Il lui ont tiré dessus trois fois, dans le haut du corps et dans la tête", affirme-t-il.Après les tirs, plusieurs dizaines d'étudiants ont continué à manifester, à quelques mètres seulement du corps, chantant et levant le poing en directions des policiers."Tuez-nous tous!", ont lancé certains, criant aux policiers de partir. Les étudiants protestent sporadiquement depuis début janvier pour dénoncer "l'exclusion" de certains d'entre eux d'un programme d'aide à la scolarité financé par le gouvernement.Ils exigent que l'université de Wits autorise ceux en retard de paiement à s'inscrire pour l'année universitaire 2021, qui a débuté au début de l'année dans ce pays d'Afrique australe, contre une reconnaissance de dette.De nombreux étudiants sud-africains n'ont pas été en mesure de payer l'intégralité des frais cette année, notamment à cause des difficultés économiques liées à la pandémie de Covid-19. En fonction du cursus, les frais annuels peuvent atteindre plus de 2.500 euros.L'Université du Witwatersrand a été le fief de la contestation étudiante dans le pays en 2015, contre une augmentation des frais de scolarité et pour la gratuité de l'enseignement. Suite à ce mouvement, l'ancien président Jacob Zuma avait instauré la gratuité de l'éducation supérieure et de la formation pour les étudiants pauvres et issus de la classe ouvrière.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.