Des tirs à l'arme lourde et à la kalachnikov ont éclaté mercredi à Duékoué, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, alors que le président ivoirien reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara a appelé Laurent Gbagbo à saisir sa "dernière chance" de céder le pouvoir.
Un imam a été tué mardi lors de violences à Abidjan, en proie à des affrontements quotidiens entre partisans d' Alassane Ouattara et son rival Laurent Gbagbo, ont déclaré mercredi deux responsables musulmans.
"Depuis hier (mardi) soir, ça tirait" dans le secteur Port-Bouët 2, une enclave pro-Ouattara du quartier de Yopougon (ouest), bastion du président sortant Laurent Gbagbo, a indiqué à l'AFP l'imam Idriss Koudouss, président du Conseil national islamique (CNI).
"Il paraît que l'imam, après la prière de 18H00 (locales et GMT), était debout sur le seuil de la porte de la mosquée et que c'est là-bas qu'il a reçu les balles et il est tombé, il est mort", a-t-il ajouté.
"Ca tirait partout, je crois que c'est une balle perdue, je ne pense pas qu'on l'ait visé.Je sors du commissariat où je suis venu faire les papiers.On fera l'enterrement après la prière de 13H00", a-t-il dit.
La ville de Duékoué, située à une quarantaine de km au sud de l'ex-ligne de front divisant le pays et théâtre en janvier de violences interethniques, a été réveillée par des détonations d'arme lourde et de tirs de kalachnikov, dont l'origine restait indéterminée dans l'immédiat.
"Ils ont commencé à tirer vers 05H00 (locales et GMT), c'est dans la ville même", a indiqué à l'AFP une habitante, jointe au téléphone."Il n'y a personne dans les rues.Depuis dimanche, il y avait des rumeurs d'attaque, tout le monde avait peur", a-t-elle ajouté."Je n'ose pas sortir", a dit un autre habitant.
L'Ouest est traversé par l'ex-ligne de front de 2002-2003 coupant le pays en un Nord tenu par les ex-rebelles des Forces nouvelles (FN) et un Sud - où se trouve Duékoué - resté sous le contrôle du gouvernement du président sortant Laurent Gbagbo.
Alliées à M. Ouattara, les FN, progressant depuis la zone frontalière du Liberia, ont pris quatre localités depuis fin février dans la région, au moment où la crise post-électorale bascule en guérilla urbaine dans Abidjan, métropole de quelque 5 millions d'habitants.
Plusieurs témoins ont rapporté que des violences ont eu lieu mardi soir dans la capitale dans le secteur de Port-Bouët 2, une enclave pro-Ouattara située dans le quartier de Yopougon (ouest), bastion du président sortant.
Ces nouvelles violences, dans une crise ayant déjà fait près de 400 morts selon l'ONU, interviennent alors qu'Alassane Ouattara a appelé mardi son rival à saisir sa "dernière chance" pour une "sortie de crise pacifique et honorable".
Pour lui, "il est temps" que M. Gbagbo, qui refuse de céder le pouvoir, "accepte de se conformer à la volonté des Ivoiriens et de l'Union africaine", qui a reconnu en sommet la semaine dernière la victoire de M. Ouattara à la présidentielle de novembre.
M. Ouattara, qui s'exprimait dans une "adresse à la Nation" diffusée par la télévision TCI créée par son camp, vit retranché depuis fin 2010 au Golf hôtel d'Abidjan, sous blocus des forces de son rival et sous la protection des Casques bleus et de FN.
Alors que les violences ne cessent de s'intensifier, menaçant de dégénérer en guerre civile, Human Rights Watch a mis en cause le camp Gbagbo.
Dans un rapport intitulé "Côte d'Ivoire: crimes contre l'humanité par des forces de Gbagbo", l'organisation de défense des droits de l'Homme indique mercredi que les violences organisées par les pro-Gbagbo donnent "des indices de constituer des crimes contre l'humanité".
"Les forces pro-Gbagbo ciblent de plus en plus souvent des immigrés venus des pays voisins d'Afrique de l'Ouest", du Mali, du Burkina Faso, du Niger ou du Nigeria, considérés comme favorables à Alassane Ouattara, selon le texte.
Pour l'organisation, "il est grand temps que le Conseil de sécurité de l'ONU impose des sanctions contre Gbagbo et ses alliés, directement impliqués dans les abus de la période post-électorale".
Mais "les tueries de civils par les forces pro-Ouattara, apparemment pour des motivations politique ou ethnique, risquent également de devenir des crimes contre l'humanité si elles se répandent ou deviennent systématiques", avertit Human Rights Watch.
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