Revenant dans une longue tribune dans le journal Le Monde sur le rapport d'historiens publié fin mars, M. Juppé a dit prendre conscience "à sa lecture que, si nous avons agi, nous n'avons pas accompli assez"."Surtout, nous n'avons pas compris qu'un génocide ne pouvait supporter des demi-mesures", a insisté celui qui fut le chef de la diplomatie du président socialiste François Mitterrand, au sein du gouvernement de cohabitation dirigé par Edouard Balladur.Sa tribune a été publiée à l'occasion des commémorations du 27e anniversaire du génocide, où plus de 800.000 personnes, essentiellement tutsi, furent exterminées dans des conditions atroces entre avril et juillet 1994.Le rapport Duclert, remis le 26 mars au président Emmanuel Macron, pointe selon les mots de M. Juppé les "nombreuses défaillances, erreurs et fautes des autorités françaises depuis 1990", jusqu'au génocide."Face à l'horreur génocidaire, l'extermination des enfants, des femmes et des hommes pour la seule raison qu'ils étaient nés tutsi, tout aurait dû être tenté pour les sauver. Pendant près de trente ans, nous avons porté, j'ai porté cette blessure de n'avoir pas réussi à empêcher cette terreur", a encore souligné M. Juppé.Evoquant un "acte de lâcheté internationale", celui qui fut le premier responsable français, en mai 1994, à employer le terme de génocide pour décrire l'extermination des Tutsi, explique que la France n'avait pas pris immédiatement conscience à l'époque "qu'un génocide submergeait le Rwanda"."Nous n'avons pas imaginé que nos forces déployées pour assurer la protection de nos ressortissants, peu nombreuses au demeurant, auraient pu, à condition d'avoir le soutien des parachutistes belges, des commandos italiens, des Marines américains présents au Burundi, tous associés aux Casques bleus, s'opposer aux tueurs, protéger les victimes", poursuit-il."Aucun autre acteur de la scène internationale n'a levé le petit doigt, ni l'ONU, ni l'Organisation de l'unité africaine, ni nos partenaires européens, ni les pays africains de la région, ni les Etats-Unis que nous n'avons eu de cesse de mobiliser", regrette encore M. Juppé, en déplorant "la terrible solitude de la diplomatie française" à l'époque.
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