Sous la pression du régime, la capitale libyenne s'efforce de reprendre une vie normale, contrairement au reste du pays où des combats continuent à faire rage entre les insurgés et les forces du colonel Mouammar Kadhafi.
Après la répression meurtrière de manifestations à Tripoli fin février, les habitants terrés chez eux ne s'aventuraient dehors que pour acheter du pain ou se rendre dans les stations-services.
"Il y avait comme un couvre-feu non annoncé.Les gens sortaient le matin pour faire quelques courses mais dans l'après-midi, personne n'osait sortir.Dans certains quartiers, les milices de Kadhafi tiraient sur tous ceux qui mettaient leurs têtes dehors", témoigne un habitant de la capitale.
Les appels aux fonctionnaires à reprendre du service n'avaient pas trouvé d'écho chez les Tripolitains qui s'attendaient à l'arrivée des insurgés aux portes de Tripoli, après une avancée rapide depuis l'est et des défections en série de plusieurs hommes du régime.
Mais, à mesure que les forces de Kadhafi ont commencé à prendre l'avantage depuis une semaine, en s'emparant de villes aux mains des insurgés, la capitale commençe à retrouver un progressif retour à la normale.
"Durant les premiers jours (de l'insurrection), les enfants ne venaient plus à l'école, mais depuis une semaine à peu près, les cours ont repris normalement", affirmé Malika, directrice d'une école du quartier Bab Ben Ghechir.
Au centre de Tripoli, sur l'avenue Omar Al-Mokhtar menant à la place verte, les boutiques de prêt-à-porter "made in China" et les cafés sont ouverts une bonne partie de la journée, tandis que le supermarché de Soug Thoulatha, a rouvert ses portes.Des embouteillages de plus en plus important se forment à nouveau dans certains quartiers animés.
Dans les banques, à nouveau ouvertes, les files d'attente se font de moins en moins importantes.
Des pères de familles forment toujours des files d'attente pour retirer une pension mensuelle de 500 dinars (400 dollars), décidé par le gouvernement pour chaque famille, dans une tentative d'apaisement de l'insurrection.
Mais la plupart des hôtels, plusieurs commerces et restaurants, restent fermés, faute de marchandises ou de main d'oeuvre étrangère qui a quitté le pays, craignant une guerre civile.
"Lorsque les entreprises étrangères étaient ici il y avait une grande demande de poisson.Où sont ces compagnies?Il n'y a plus de demande, qu'est ce qu'on peut faire?baisser les prix ou remettre les poissons à la mer", se plaint Salem, un homme d'affaires, dans un marché de poissons improvisé à Tripoli.
La ville est aussi à court de liquidités.Dans les banques, les retraits se négocient et la banque centrale a été obligée de remettre en circulation des coupures de banques retirées depuis plusieurs années.
Le taux de change par rapport au dollar reste figé à celui de février (1,25 dinar pour un dollar), tandis qu'au marché noir il s'échange à 1,7 voire 2 dinars.
A l'extérieur de la ville, les check-points installés aux entrées est et ouest de la capitale empoisonnent la vie des habitants des banlieues.
"Si vous sortez aux abords de la ville, à l'entrée est et ouest, vous verrez l'armée, les soldats, les check-points, ils fouillent et demandent d'où nous sommes originaires, où nous allons.Je viens du côté d'Al-Jabal (Al-Gharbi) au sud-ouest et pour arriver ici, je suis passé par une cinquantaine de check points".
Mais la nuit, les milices de Kadhafi continuent à faire la loi, patrouillant dans des 4x4 et des pick-up, ou installant des check-points.
Finis les embouteillages de minuit et le lèche-vitrine sur l'avenue commerciale de Guergarech.Tripoli la nuit ressemble à une ville fantôme.
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