"Un coup, K-O", proclament les affiches de campagne du candidat du Parti congolais du travail (PCT) pour marquer sa volonté d'être réélu dès le premier tour, comme en 2016, face à ses six rivaux.
Le climat paraît moins lourd qu'il y a cinq ans. Il y a quelques jours, Frédéric Bintsamou a estimé que l'élection "ne doit pas être l'occasion de réveiller les vieux démons de la division".
Celui qui est plus connu sous le nom de pasteur Ntumi, 56 ans, avait pris les armes dans la région du Pool (Sud) après la réélection contestée du président Sassou Nguesso en mars 2016.Les forces régulières avaient contre-attaqué dans un conflit à huis clos qui avait déplacé 140.000 personnes, selon des sources humanitaires.
Les autorités avaient annoncé un cessez-le-feu juste avant Noël 2017.
Pour Mariela, une lycéenne de Pointe-Noire, la capitale économique, le calcul est vite fait aujourd'hui: "Même s'il y a la galère, il n'y pas la guerre comme dans les autres pays.Vaut mieux rester avec Sassou qui nous met la paix dans le pays, au moins ça c'est bon".
La "galère" et les questions économiques hantent les esprits des électeurs dans ce pays pétrolier de cinq millions d'habitants qui anticipait un recul de 9% de son PIB avec le Covid-19.
Avant même la crise sanitaire, le PIB par habitant plafonnait à 2.279 dollars en 2019, contre 3.922 dollars en 2012 à l'époque de l'euphorie pétrolière, selon la Banque mondiale.
Face à l'impasse du tout-pétrole, M. Sassou Nguesso a dit placer la jeunesse et le développement de l'agriculture au cœur de sa campagne, jugeant "honteux" que le pays importe l'essentiel de ce qu'il consomme.
"Le président reconnaît d'une certaine façon son propre échec", cingle l'activiste Franck Nzila.
- "Renouer avec la démocratie" -
Les deux principaux rivaux du président sortant sont deux anciens ministres passés à l'opposition, Guy-Brice Parfait Kolélas et Mathias Dzon.
Arrivé deuxième il y a cinq ans, M. Kolélas s'est engagé à libérer les deux candidats de 2016 condamnés en 2018 à 20 ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l'État", le général Jean-Marie Mokoko et André Okombi Salissa.
Dans le bastion de M. Kolélas, la région du Pool, un homme soupire en attendant pendant des heures un train de marchandises pour parcourir 18 km."Nous voulons le changement.J'ai 51 ans.Quand (le président) est arrivé au pouvoir j'avais dix ans".
La conférence épiscopale a déjà émis de "sérieuses réserves" sur la transparence du scrutin.L'Eglise catholique, qui s'est vu refuser l'accréditation de ses observateurs, redoute une coupure internet dès dimanche, comme en 2016.
La conférence épiscopale veut cependant tester une application pour ordinateur et smartphone qui doit permettre de télécharger les procès-verbaux de tous les bureaux de vote pour avoir une idée en temps réel de la vérité des urnes - sauf en cas de coupure internet ...
Autres inquiétudes: les autorités ont refusé d'accréditer une journaliste de Radio France Internationale (RFI), et un activiste des droits humains de 77 ans a été arrêté quelques jours avant le vote, pour atteinte à la sécurité de l’État.
Comme à chaque élection en Afrique centrale, des voix interpellent la France, ancienne puissance coloniale et principal bailleur.
"La République du Congo, comme la diplomatie française, doit renouer avec la démocratie", a écrit un collectif d'activistes français et congolais dans une tribune publiée par Le Monde.
"Nous appelons la France à condamner la dégradation pré-électorale du climat politique et civique", ajoutent les signataires.
Le président Sassou Nguesso a pris le pouvoir en 1979.Il a été battu lors des premières élections pluralistes de 1992 par Pascal Lissouba.
Mais ce très rare exemple d'alternance pacifique en Afrique centrale a pris fin en 1997 avec le retour au pouvoir de M. Sassou Nguesso, après une guerre civile avec les forces de M. Lissouba.En 2015, il a fait sauter le verrou constitutionnel qui limitait à deux le nombre de mandats présidentiels.
Depuis des années, le pouvoir congolais fait également parler de lui en raison d'une enquête retentissante en France.En 2017, des proches du président Sassou Nguesso y ont été mis en examen pour "blanchiment de détournement de fonds publics" dans l'affaire dite des "biens mal acquis", qui vise également les familles au pouvoir au Gabon et en Guinée Équatoriale.
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