Patrice Talon, qui vise une victoire "par K.O.", est accusé d'avoir engagé ce petit pays pionnier de la démocratie en Afrique de l'Ouest dans un tournant autoritaire et d'avoir muselé l'opposition.
Les 15.531 bureaux de vote ont fermé à 16H00 (15H00 GMT) et le dépouillement des bulletins a commencé dans la foulée, sans grand engouement.
Dans les bureaux de vote visités par l'AFP à Cotonou, la capitale économique, les taux de participation ne dépassaient pas les 30% et Patrice Talon, en lice pour un second mandat, menait avec une large avance, face aux anciens députés Alassane Soumanou et Corentin Kohoué, deux candidats de l'opposition quasiment inconnus du grand public.
Les principales figures de l'opposition sont soit en exil, soit condamnées par la justice et incarcérées soit empêchées de se présenter du fait du nouveau Code électoral et d'une réforme institutionnelle.
"Le vote s'est bien déroulé ici, on n'a pas eu d'incident ou de problème", explique Ricardo, 23 ans, étudiant en développement web qui compile les résultats pour la mouvance présidentielle qu'il soutient.
"On a eu une affluence assez basse.Les gens ne sont pas trop sortis.Sur les premiers résultats ici, le président est largement en tête", poursuit-il.
A Savè, dans le centre-nord du pays, où les violences préélectorales ont fait deux morts, les bureaux de vote et les urnes sont restés vides toute la journée, et certaines ont été brûlées par des inconnus, selon un journaliste de l'AFP sur place.
La mission d'observation de la société civile notait à la mi-journée que les bureaux de vote à Tchaourou et Bante, fiefs de l'ancien président Thomas Boni Yayi, n'avaient pas ouvert.
"Il faut éduquer les uns et les autres pour que les frustrations ne donnent pas forcément lieu à des violences", a déclaré M. Talon, 62 ans alors qu'il votait à Cotonou, en chemise saharienne et pantalon beige.
Selon lui, les manifestants, "des jeunes, des enfants, des chasseurs" ont été "manipulés" pour attaquer la République et les forces de l'ordre ont su répondre "avec beaucoup de compétence et d'expertise" malgré la répression musclée et parfois sanglante des derniers jours.
- "Face à lui-même" -
Les rues de Cotonou sont restées calmes tout au long de la journée, mais beaucoup craignaient de potentielles violences lors des dépouillements ou à l'annonce des résultats, prévus lundi ou mardi.
"On est inquiets", confiait de son côté Mama Salessou, commerçant de 51 ans devant un bureau de vote de Cotonou, faisant référence à ce "qu'il s'est passé dans le Nord".
Sur les radios locales, des chansons passaient en boucle pour appeler à des élections apaisées."La violence est l'arme des faibles.Elle conduit à la guerre et à la misère", chantait une voix chaude accompagnée par des choristes sur une mélodie dansante.
"Je suis allé voter car c'est un devoir citoyen, mais aussi parce que je veux que les reformes continuent", expliquait un électeur à Cotonou, en souhaitant conserver l'anonymat."Le président a construit les routes et enfin ça change.On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs".
Les principales figures de l'opposition ont appelé à boycotter un scrutin joué d'avance à leurs yeux.
"Je ne voterai pas", a déclaré l'une d'elles, l'universitaire Joël Aïvo, dans un message publié samedi soir sur les réseaux sociaux, invitant ses concitoyens à l'imiter.
"Le président a choisi d'être seul face à lui-même dans cette élection inédite depuis le renouveau démocratique", ont écrit plusieurs représentants du FRD (Front pour la restauration de la démocratie).
Néanmoins, le gouvernement s'est dit "satisfait", par la voix de son porte-parole Alain Orunla."Tout se déroule calmement partout à l'exception d'une ou deux villes. Des informations rassurantes nous parviennent nous laissant penser que le scrutin est déjà un succès".
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