Les autorités ont présenté leurs premières conclusions officielles au sujet de ce massacre au cours duquel, selon Human Rights Watch et Amnesty International, des soldats érythréens ont tué des centaines de personnes, majoritairement des civils. En ce sens, le massacre d'Aksoum compte parmi les pires atrocités recensées de la guerre au Tigré, région du Nord du pays en proie depuis six mois à la guerre. Amnesty a ainsi affirmé que les Erythréens "se sont déchaînés et ont méthodiquement tué des centaines de civils de sang-froid". Mais lundi, lors d'une conférence de presse, le procureur général adjoint Fikadu Tsega a déclaré que les Erythréens ont tué 93 personnes dans d'"intenses combats" contre des forces loyales au Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), parti qui dirigeait jusqu'à récemment la région. "Il a été établi que la grande majorité de ceux tués lors dudit incident, bien qu'ils n'étaient pas en uniforme, étaient des membres des forces du TPLF qui combattaient les forces érythréennes" et l'armée éthiopienne, a déclaré M. Fikadu.Plus de 1.500 jeunes habitants d'Aksoum, une ville classée au patrimoine mondial de l'Unesco, ont reçu du TPLF un entraînement au maniement des armes dans les jours qui ont précédé l'incident afin de "mener des combats urbains", a-t-il ajouté.Les combats ont débuté après que les forces pro-TPLF ont "attaqué les soldats érythréens qui s'étaient installés sur la partie montagneuse de la ville", a-t-il précisé. L'affirmation de M. Fikadu selon laquelle la plupart des victimes étaient des combattants semble également contredire les conclusions publiées fin mars par la Commission éthiopienne des droits de l'homme (EHRC), un organisme indépendant.Selon l'EHRC, "plus d'une centaine" de civils sont morts à Aksoum et des soldats érythréens y ont, selon des témoins, exécuté des habitants non-armés, devant leur famille. - Viols -Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a lancé le 4 novembre 2020 une opération militaire contre les autorités du Tigré, issues du TPLF, qu'il accuse d'avoir attaqué deux bases de l'armée fédérale dans la région. M. Abiy avait promis que les combats seraient brefs, mais ces derniers perdurent et de nombreuses voix se sont élevées pour alarmer sur la situation humanitaire au Tigré. Après des mois de déni, le gouvernement a reconnu la présence sur place, aux côtés de l'armée, de troupes érythréennes puis a semblé admettre qu'elles ont été impliquées dans des atrocités - ce que dément Asmara. M. Fikadu a par ailleurs dit que son équipe enquêtait également sur des viols au Tigré, pour lesquels 116 témoignages de victimes ont été recueillis. Des officiers de police et des soldats éthiopiens sont "impliqués dans ces crimes", a-t-il ajouté. Cependant, "des dizaines de milliers de criminels notoires" ont été relâchés au début du conflit, dont certains ont endossé des uniformes éthiopiens ou érythréens, ce qui "extrêmement difficile" l'identification des coupables. Plusieurs enquêtes sont "toujours en cours", a-t-il également affirmé. Lundi, M. Fikadu a déclaré que l'Ethiopie serait en mesure d'enquêter et de lancer des poursuites contre tout crime commis par les Erythréens sur son sol.
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