Des centaines d'habitants prenaient d'assaut samedi les gares routières d'Abidjan pour fuir les violences, alors que la métropole ivoirienne était sous tension juste avant le discours d'une figure du camp du président sortant Laurent Gbagbo, a constaté l'AFP.
A la gare du quartier de Yopougon (ouest) comme à celle d'Adjamé (nord), la plus grande de la ville, une foule de familles attendaient leur tour pour monter dans des cars, en emportant bagages, sacs et même appareils électro-ménagers, pour se "mettre à l'abri" dans leur village.
Yopougon et Adjamé ont été à leur tour cette semaine le théâtre d'affrontements entre Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à Laurent Gbagbo et insurgés soutenant Alassane Ouattara, reconnu comme le président élu par la communauté internationale.
"J'ai peur.Je quitte Abidjan pour me réfugier au village", a déclaré à l'AFP Marguerite, entourée de ses quatre enfants. "La consigne est claire, il faut quitter Abidjan, on nous demande de partir", explique Tanoh, sans en dire davantage sur cette "consigne"."J'ai vu des cadavres dans mon quartier.Je ne supporte pas".
"Qu'est-ce qu'ils ont à fuir de cette façon?", s'interrogeait une jeune fille de Yopougon, assise en bordure de route pour assister à ce spectacle.
Ministre de la Jeunesse du gouvernement du président sortant et chef des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, Charles Blé Goudé devait tenir un meeting dans l'après-midi à Yopougon, considéré comme un bastion de M. Gbagbo. Il avait promis lundi, après un sommet de l'Union africaine qui a consacré l'impasse politique, de lancer un "appel historique" à la mobilisation pour "libérer la Côte d'Ivoire".
Les violences depuis le début de la crise née de la présidentielle de novembre ont fait près de 440 morts, selon l'ONU. Epicentre de la crise et base des insurgés, le quartier d'Abobo a été de nouveau la cible de tirs à l'arme lourde vendredi soir, ont rapporté des habitants.
"On a encore entendu des coups de canon vers 21H00 (locales et GMT), non loin de chez nous", a dit à l'AFP une résidente."Comme chaque nuit, on vit dans la peur, enfermés chez nous.Je crois que je vais finir par quitter le quartier.Mais le problème, c'est que je n'ai pas de parents à Abidjan et je ne sais pas où aller".
Entre 25 et 30 civils avaient été tués jeudi, selon l'ONU, par des tirs de mortiers des "forces armées du camp" Gbagbo, suscitant une large réprobation internationale.
Le gouvernement Gbagbo a dénoncé un "complot" et démenti toute implication des FDS.
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