Kenya: les producteurs de café rêvent d'un nouvel âge d'or

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NAIROBI (AFP)

Avec l'envolée des cours mondiaux du café, les producteurs kényans espèrent pouvoir rattraper des années de déclin, qui ont vu les récoltes divisées par quatre, et ils rêvent d'un nouvel âge d'or pour ce qui fût autrefois la première exportation du pays.

L'arabica qui pousse sur les sols volcaniques des hauts plateaux du pays est apprécié dans le monde entier.Pourtant la production a chuté de 130.000 tonnes en 1997 à 36.000 tonnes l'an dernier.

Alors que le café est la matière première la plus vendue au monde après le pétrole, les producteurs kényans ont du mal à échapper à la pauvreté, et nombreux sont ceux qui ont été contraints d'arracher leurs plants.

Pour entretenir des arbres caféiers souvent centenaires, il ne reste souvent aujourd'hui que des agriculteurs à peine plus jeunes.

"L'âge moyen d'un producteur de café est de 55 ans, et encore s'agit-il d'une estimation prudente.Aussi s'il n'y a personne pour prendre la relève (...), le secteur sera en danger", s'inquiète Lucy Kimani, à la tête de l'Association des producteurs kényans de café.

A Nairobi, la bourse du café a gardé son atmosphère coloniale, avec ses murs lambrissés, ses fauteuils à la couleur vert épinard passée, et le panneau en céramique marqué "Mincing Lane", du nom d'une rue de la City de Londres qui fut le coeur des échanges mondiaux de thé et de café au XIXème.

Mais les ventes ont connu ces derniers mois une nouvelle jeunesse, avec des chiffres à donner le tournis sur les écrans électroniques, où l'arabica kényan AA, le café de référence, a atteint le mois dernier les 1.022 dollars pour un sac de 50 kg, plus du double du record déjà atteint l'an dernier.

"Ces dernières semaines, nous avons échangé du café entre 10 et 12 dollars le kilo (...) soit une hausse de 100% pour certains des grains les plus recherchés.C'est énorme", témoigne un négociant, Jay Sondhi.

Sur les marchés mondiaux, les prix ont atteint leurs plus hauts niveaux depuis quarante ans, les stocks historiquement bas étant loin de satisfaire une demande croissante, alors que des pays émergents comme l'Inde prennent goût au café.

Il faudra cependant plus que des prix élevés pour relancer la production du café au Kenya, prévient John Logan, responsable de cette culture à Technoserve, une ONG qui aide à la création d'entreprises dans les pays pauvres.

A commencer par une meilleure gestion des coopératives qui fédèrent les 600.000 producteurs kényans, pour éviter que les plus petits d'entre eux ne soient contraints de jeter l'éponge.

"Un négociant en café vous dira que le prix demeure le meilleur engrais pour le café.Oui et non.Ce qui compte, c'est ce qui tombe au final dans la poche du paysan", relève M. Logan.

L'autre problème réside dans la faiblesse de la productivité."Un fermier au Kenya produit en moyenne moins de deux kilos de cerises de café par plant, alors qu'il pourrait en produire dix (...).Les producteurs auront besoin de parvenir à de meilleurs rendements, car il n'y plus de terres disponibles", prévient cet expert.

John Waweru exploite près de Thika, à une heure de route de Nairobi, le petit terrain que lui a légué son père."Ces dernières années, les prix étaient très bas mais ils ont récemment remonté et cela nous permet de gagner de quoi faire vivre la famille et éduquer nos enfants", se réjouit-il, constatant que de jeunes paysans reprennent en main des exploitations à l'abandon.

A la tête de l'Association kényane des producteurs et des négociants de café, Daniel Mbithi s'attend également à voir "de plus en plus de jeunes gens revenir dans les fermes".

"Je ne peux pas jurer de voir un nouvel âge d'or, mais en tout cas il y a beaucoup d'enthousiasme", ajoute-t-il.

Le café est une boisson de riches au Kenya, au point que les producteurs de café ne boivent le plus souvent que du thé."Si les prix restent à ce niveau, j'espère que les producteurs de café deviendront des consommateurs de café", sourit M. Waweru.

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