Libye: les bombardements se poursuivent, le commandement de la coalition en débat

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TRIPOLI (AFP)

Les bombardements de la coalition internationale et les combats entre forces du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et rebelles se poursuivent en Libye, le débat faisant rage sur la finalité et le mandat de l'opération menée à l'initiative de Washington, Paris et Londres.

Lundi soir, des tirs de la défense anti-aérienne suivis d'explosions ont retenti à Tripoli près de la résidence du dirigeant libyen, selon un journaliste de l'AFP.La nuit précédente, des missiles avaient détruit un bâtiment au sein de cette résidence-caserne dans le sud de la capitale.

Une base navale située à 10 km à l'est de Tripoli a été touchée par des bombardements lundi soir, selon des témoins qui ont vu des flammes. Mais l'intensité et le nombre des attaques a diminué depuis la première nuit de samedi à dimanche.

 "Sauf si quelque chose d'inhabituel ou d'innattendu survient, nous pourrions voir un ralentissement dans la fréquence des attaques.Nous avons déjà vu, entre la première nuit des frappes Tomahawk et la deuxième, une réduction importante", a déclaré lundi soir à la presse le chef de la coalition, le général américain Carter Ham.

 "L'extension de la zone d'exclusion aérienne, pratiquement d'une frontière à l'autre (égyptienne à tunisienne, ndlr), devrait nous permettre d'avoir une grande liberté de mouvement", a-t-il poursuivi. 

Plusieurs hauts responsables ont assuré que la coalition ne cherchait pas à viser directement le colonel Kadhafi.

 "La position américaine est que Kadhafi doit partir", a affirmé lundi le président américain Barack Obama.

Le Premier ministre britannique David Cameron n'a pas caché qu'il "pensait que la Libye doit se débarrasser de Kadhafi", soulignant qu'il appartenait "au peuple libyen de choisir son propre avenir".

Par 557 voix contre 13, les parlementaires britanniques ont approuvé à la quasi-unanimité la participation des forces britanniques aux opérations.

 Au sein de la coalition --à laquelle participent côté UE, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Belgique, le Danemark, la Grèce, et l'Espagne-- des voix dissonantes se font entendre au sujet du commandement que plusieurs pays souhaiteraient voir confié à l'Otan. Actuellement, les opérations de la coalition sont nationales et coordonnées par les QG américains de Ramstein (ouest de l'Allemagne) et Naples (sud de l'Italie).

"L'OTAN jouera un rôle" dans la nouvelle phase militaire en Libye, a affirmé M. Obama, ajoutant que le début de cette phase était une question "de jours, non de semaines".

Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a réclamé que "le commandement des opérations passe à l'Otan".

"Nous voulons (...) un contrôle utilisant les mécanismes de l'Otan, de façon à ce que tous ceux qui veulent participer de l'extérieur puissent être coordonnés correctement", a renchéri M. Cameron.

 Mais Paris estime que si l'Otan dirige l'intervention, les pays arabes ne voudront pas s'y rallier et, pire, finiront par la dénoncer.

La Norvège a fait savoir que ses six F-16 dépêchés lundi en Méditerranée pour participer à l'opération n'entameront leur mission que lorsque cette question du commandement aura été clarifiée.

Le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra jeudi une réunion pour débattre de la situation en Libye.

Malgré le nouveau cessez-le-feu annoncé par Kadhafi, les violences se sont poursuivies lundi, faisant au moins 40 morts et 300 blessés à Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli, selon les rebelles.

 Dans l'Est, les forces gouvernementales, qui avaient attaqué Benghazi samedi matin, ont reculé lundi jusqu'à Ajdabiya, à 160 km au sud.

 Au sud-ouest de Tripoli, les forces loyalistes pilonnent depuis trois jours la région d'Al-Jabal Al-Gharbi, en particulier les villes de Zenten et Yefren sous contrôle de la rébellion, selon des habitants de la région évoquant des raids "très intensifs".

Selon le régime libyen, depuis samedi, la coalition a mené des raids sur Tripoli, Zouara, Misrata (ouest), Syrte et a visé lundi Sebha, ciblant notamment des aéroports, faisant de "nombreuses victimes" parmi les civils.

L'Union européenne a adopté des sanctions renforcées contre le régime de Kadhafi et s'est dite prête à apporter de l'aide humanitaire, sans parvenir à dissimuler de profondes divisions en son sein.

Le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui avait soutenu l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne, a estimé que les bombardements s'écartaient de leur but, avant de changer de ton lundi et d'affirmer que ses propos avaient été "mal interprétés".

Les Occidentaux s'étaient targués d'une participation arabe à cette coalition.Mais, seul le Qatar s'est vraiment engagé, les Emirats arabes unis ayant précisé que leur rôle se limiterait "à l'aide humanitaire".

Trois journalistes occidentaux, deux de l'Agence France-Presse et un photographe de l'agence Getty Images qui couvrent les événements en Libye, ont été arrêtés le 19 mars dans la région de Tobrouk (est) par l'armée libyenne, selon le témoignage de leur chauffeur.

Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, fait face depuis le 15 février par une révolte qui a fait des centaines de morts et poussé plus de 300.000 personnes à la fuite.

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