Des montagnes du Tigré, dans le Nord, à la savane du Sud du pays, ces régions aux paysages et langues diverses sont en proie à des tensions communautaires qui pèseront sur le scrutin.
Aperçu de certaines régions-clés:
- L'Oromia -
Le Premier ministre Abiy Ahmed, qui espère que ce scrutin lui délivrera un mandat populaire, est le premier dirigeant éthiopien originaire de cette région, la plus peuplée du pays.
Il a été désigné Premier ministre en 2018, après plusieurs années de contestation contre la coalition au pouvoir, mouvement mené par la jeunesse de l'ethnie oromo qui s'estimait marginalisée économiquement et politiquement.
Les manifestants avaient alors salué la nomination de M. Abiy, mais l'Oromia est aujourd'hui plus agitée que jamais.
Récemment, plusieurs leaders nationalistes oromo, comme Jawar Mohammed, ont estimé que le Premier ministre ne défendait pas les intérêts oromo et appelé à des manifestations, sévèrement réprimées, qui ont fait des centaines de morts.
Le meurtre il y a un an du chanteur porte-drapeau de la communauté oromo Hachalu Hundessa avait déclenché une vague de violences particulièrement sanglante, suivie de plus de 9.000 arrestations, dont celles de Jawar Mohammed et d'un autre dirigeant de l'opposition, Bekele Gerba.
Les deux principaux partis d'opposition oromo, le Congrès fédéraliste oromo et le Front de libération oromo, boycottent le scrutin, affirmant protester contre l'arrestation de candidats et le saccage de leurs locaux.
- L'Amhara -
L'élection s'annonce plus ouverte dans la région de l'Amhara.
Les jeunes de cette région, la deuxième plus peuplée du pays, avaient participé à la contestation qui a porté M. Abiy au pouvoir, mais le Parti de la prospérité du Premier ministre fait désormais face à une vive opposition du Mouvement national Amhara (NaMA).
La région est au c-ur de nombreuses crises ces dernières années.
Il y a deux ans, des troupes obéissant au chef de la sécurité de l'Amhara ont tué le président de la région, dans ce que le gouvernement a qualifié de tentative de "coup d'Etat régional".
Plus récemment, les forces de sécurité amhara ont joué un rôle important dans le conflit au Tigré, appuyant l'armée fédérale tout en annexant des territoires tigréens revendiqués de longue date.Washington a dénoncé un "nettoyage ethnique" dans l'Ouest du Tigré.
Frontalière du Soudan, l'Amhara abrite également la zone d'Al-Fashaga, source depuis plusieurs décennies de tensions entre Khartoum et Addis Abeba.Des milliers d'Ethiopiens y cultivent des terres revendiquées par le Soudan.
- Le Tigré -
L'élection ne se tiendra pas pour l'instant dans cette région septentrionale, en proie à un conflit depuis plus de sept mois et au bord de la catastrophe humanitaire.
Durant des décennies, la région a été dirigée par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) qui a joué un rôle crucial dans le renversement du dictateur Mengistu Hailemariam en 1991, puis a dominé la coalition au pouvoir en Ethiopie jusqu'à la nomination de M. Abiy en 2018.
Les tensions qui ont suivi entre le TPLF et Addis Abeba ont dégénéré en conflit militaire en novembre.Accusant le TPLF d'avoir orchestré des attaques contre des bases de l'armée fédérale, M. Abiy a envoyé des troupes au Tigré.
Le prix Nobel de la paix 2019 avait promis une opération militaire rapide, mais des combats y persistent, les rapports faisant état d'atrocités contre les civils se multiplient et quelque 350.000 personnes sont désormais en situation de famine, selon l'ONU.
- Le Benishangul-Gumuz -
Longtemps vue comme l'une des régions les plus marginalisées d'Ethiopie, le Benishangul-Gumuz connaît un regain d'intérêt depuis 2011 et le début de la construction du "barrage de la Renaissance".
Rare élément unificateur dans le pays, ce projet titanesque sur le Nil Bleu est considéré par l'Ethiopie comme essentiel à sa production d'électricité et son développement économique. Mais il a déclenché un différend diplomatique avec le Soudan et l'Egypte, en aval, qui estiment leur approvisionnement en eau menacé.
La région a également été le théâtre de certaines des pires violences communautaires en Ethiopie ces dernières années, qui rendent le vote impossible dans plusieurs circonscriptions.
- La Région des nations, des nationalités et des peuples du Sud (SNNPR) -
De nombreux groupes ethniques ont saisi l'occasion de l'arrivée au pouvoir de M. Abiy, et sa tentative d'ouverture démocratique, pour exiger des droits élargis.
Une dizaine d'ethnies minoritaires regroupées au sein de la SNNPR souhaitent constituer leurs propres régions, une initiative autorisée par la Constitution.
Jusqu'à présent, seul le peuple Sidama l'a obtenue, devenant la dixième région du pays après un référendum remporté avec une écrasante majorité en 2019.
Un autre référendum est désormais prévu le 6 septembre pour la création d'une onzième région dans le Sud-Ouest du pays.
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