Course à l'argent frais : la Côte d'Ivoire en panne de liquidités

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La liquidité est devenue une denrée rare en Côte d'Ivoire depuis que les banques privées ont décidé de geler leurs activités. Chaque jour, ce sont de longues files d'attente qui sont visibles devant les quelques banques encore ouvertes. L'argent frais est devenu une denrée rare. " Je préfère rentrer à la maison et revenir quand il y aura moins de monde. Je ne tiens plus sur mes jambes ". Stéphanie, 37 ans, infirmière d'Etat, tremble de tout son corps, cet après-midi du 1er mars. De grosses gouttes de sueurs coulent sur son visage joufflu. Depuis 7h, elle est debout dans une queue longue de plusieurs dizaines de mètres. L'agence de la Banque pour l'Habitat de Côte d'Ivoire (BHCI), l'une des cinq banques nationales encore ouvertes, a pris des dispositions pour faciliter l'accès à ses guichets aux femmes après la crise financière ivoirienne. Une queue réservée aux femmes a été créé pour faciliter l'opération à cette frange de la population. Une précaution insuffisante face à l'afflux massif de fonctionnaires qui se sont rendus à cette banque pour retirer leur salaire du mois de février.L'année dernière, à cette même date, Stéphanie avait déjà touché son salaire depuis une semaine et se consacrait à ses patients au Centre hospitalier et universitaire (Chu) de Treichville. Habituellement, elle procède à ses retraits à l'agence Ecobank de Treichville, située en face du siège de la garde républicaine. Depuis que les banques privées ont suspendu leurs activités, pour cause de manque d'approvisionnements lié au non fonctionnement de l'agence nationale de la Banque centrale, le gouvernement du Président désigné par le Conseil constitutionnel, M. Laurent Gbagbo, a ouvert des comptes en urgence aux fonctionnaires, dans les banques nationales." Nous allons mourir de faim "Conséquence : " le service est lent, en plus tous les fonctionnaires qui parviennent au guichet ne sont pas assurés de pouvoir entrer en possession de leurs salaires. Il y a trop de procédures et trop de pagaille », fait remarquer Stéphanie. Elle admet que « d'ici deux jours (elle ne pourra) même pas avoir de quoi acheter de l'eau fraîche pour tenir le coup sous le soleil, dans le rang ".Pourtant, la situation de Stéphanie devrait être enviée par Lago. Ce jeune sans emploi de la commune de Yopougon (commune du District d'Abidjan) ne vit que grâce à l'argent que lui expédie chaque mois son grand frère, émigré en France." Depuis dix jours, je n'arrive pas à retirer les 200.000 FCFA (308 euros, NDLR) qu'il m'a envoyés pour le loyer mensuel et les frais de restauration de la famille. Les agences Western Union, y compris celles qui sont logées dans les banques nationales, pourtant ouvertes, ne travaillent pas. �??Pas de liquidité', me répète-t-on. Sans cet argent, ma mère, mes deux petites s�?urs et moi, nous allons mourir de faim ", témoigne Lago. Son désarroi est d'autant plus grand que le gérant de la boutique de son quartier refuse désormais de lui vendre des provisions à crédit. " Je le comprends. Lui aussi a des problèmes de liquidité ", indique Lago.Pillages prévisiblesCe mardi 1er mars, il est allé rencontrer un responsable de la Caisse nationale des Caisses d'Epargne (CNCE, banque nationale) au Plateau (centre administratif et financier d'Abidjan). Après avoir joué des coudes et acheté des cigarettes à un agent de sécurité qui ne demandait pas mieux, il a pu rencontrer le responsable de la banque. " Il m'a simplement dit d'être patient et que la situation redeviendra normale dans peu de temps. Mais je sais que c'est faux. Cela fait trois mois qu'on nous chante ce refrain ", déclare Lago avec une pointe d'agacement." Si la situation reste telle qu'elle est actuellement - des gens sont riches avec d'importantes épargnes dans des banques fermées et pauvres aujourd'hui, du fait de ces fermetures, la liquidité manque sur le marché -, on risque d'assister dans les jours qui viennent à des pillages massifs ", prévient le politologue Vincent Eby.Prince Beganssou

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