Samedi, le charpentier avait comme des milliers d'autres traversé, depuis l'est de la République démocratique du Congo (RDC), la frontière toute proche du Rwanda, tandis que la lave incandescente s'écoulait du plus actif des volcans d'Afrique.
Comme beaucoup, il est rentré chez lui lorsque le magma a arrêté dimanche matin sa progression.Mais lorsque les autorités congolaises ont ordonné jeudi l'évacuation de Goma, M. Kamandwa a fui à nouveau, craignant que "la montagne" n'entre à nouveau en éruption.
"Je ne peux pas retrouver ma famille.Je sais qu'ils ne sont pas morts mais qu'ils sont justes perdus et je ne sais pas quoi faire", raconte-t-il à l'AFP.
"Dimanche, je suis rentré chez moi pour voir s'ils étaient de retour mais je n'ai trouvé que les décombres d'une maison détruite.Je suis revenu au Rwanda hier, j'ai passé une nuit au stade et j'ai cherché partout mais je n'ai pas trouvé ma femme et mes deux enfants", ajoute-t-il, peu après sa descente d'un camion militaire rwandais.
Ces derniers transportent certains réfugiés vers le rudimentaire camp de Rugerero, monté à une dizaine de kilomètres de la frontière par les autorités rwandaises et par le HCR, l'agence de l'ONU pour les réfugiés.
Une petite clinique de fortune, qui résonne de pleurs de bébés et où des personnes âgées se reposent sur des matelas, y a été installée.
- Coronavirus -
Quelque 3.000 réfugiés sont jusqu'ici arrivés à Rugerero, affirme sous couvert d'anonymat un responsable gouvernemental à l'AFP, ajoutant que le décompte se poursuit.
D'ailleurs, une dizaine de ces camions militaires verts fait soudainement son entrée, amenant un nouveau flux de réfugiés.
Le HCR et le gouvernement s'inquiètent d'une possible flambée de cas de coronavirus.
Le camp est cerné par des policiers, dont l'un raconte à l'AFP qu'ils ont ordre de s'assurer que les réfugiés ne se mêlent pas à la population rwandaise afin de réduire le risque de contaminations.
"Seuls ceux qui veulent retourner en RDC peuvent partir, et ils sont reconduits à la frontière et autorisés à partir", précise-t-il.
Selon un responsable du ministère de la gestion des crises, parlant sous couvert d'anonymat, l'approvisionnement du camp en nourriture, en eau et en médicaments est actuellement suffisant, mais cette situation pourrait changer à mesure des arrivées.
"Nous ne savons pas comment la situation va évoluer ou pour combien de temps les réfugiés vont rester au Rwanda mais, pour l'instant, nous avons la capacité (d'accueil) requise", déclare à l'AFP Elise Laura Villechalane, responsable des relations externes du HRC au Rwanda.
- "Nuits sans sommeil" -
Jean-Pierre Ntumba, boucher à Goma, était de passage au Rwanda lorsque le Nyiragongo est entré en éruption.A son retour, il a découvert une maison en ruines, et se trouve désormais dans un autre camp rwandais, plus petit, situé à 28 kilomètres de la frontière.
"Ma femme et moi avons dormi dans une maison détruite.Nous avons passé des nuits sans sommeil, inquiets dès qu'il y avait un tremblement de terre", témoigne-t-il à propos des nombreuses secousses qui ont touché Goma depuis samedi.
"Je suis parti d'abord parce que nous avions peur (...) parce que nous ne savons pas si ces tremblements de terre vont s'arrêter ou si la montagne va vomir à nouveau."
Le district rwandais de Rubavu, où fuient les habitants de Goma, a, logiquement, été lui aussi secoué par les tremblements, dont certains ont été ressentis jusqu'à Kigali.
Des routes ont été fermées, leur surface craquelée par des failles, ainsi que l'hôpital principal du district, et plus de 1.200 maisons ont été détruites.
La précédente éruption majeure du Nyiragongo, le 17 janvier 2002, avait fait une centaine de morts et continue de hanter les souvenirs.
"En 2002, j'ai fui Goma après l'éruption du Nyiragongo.L'un de mes cousins est mort de brûlures.Aujourd'hui, je me sauve à nouveau et je ne sais pas où est ma famille.Je me sens maudit", lâche M. Kamandwa.
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