RDC: nouveau carnage dans le Nord-Est, plus de 50 morts

Infos. Au moins une cinquantaine de personnes ont été tuées dans l'attaque de deux villages du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), dans une région marquée par de forts antagonismes entre ethnies locales et la présence croissante du groupe armé d'origine ougandaise ADF.

RDC: nouveau carnage dans le Nord-Est, plus de 50 morts

Le bilan (toujours provisoire) des attaques de la nuit de dimanche à lundi s'établissait à au moins 50 civils tués: "28 à Boga et 22 à Tchabi" dans le territoire d'Irumu, en Ituri, a indiqué le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST). 

Selon le KST, il s'agit vraisemblablement du "plus lourd bilan jamais enregistré pour une seule journée" depuis la création de ce groupe d'experts en juin 2017.

A l'issue d'une réunion sécuritaire à Bunia, l'armée a avancé un bilan provisoire de 53 morts : "31 à Boga et 22 à Tchabi".

Selon deux responsables locaux interrogés par l'AFP, à Boga les assaillants ont pris pour cible le site de déplacés de Rubingo abritant des Nyali, une communauté locale.

La Mission des Nations unies au Congo (Monusco) dispose d'une petite base avancée de Casques bleus sud-africains à Tshabi, a indiqué à l'AFP une source onusienne."Des éléments intervenus dans la nuit ont essuyé des tirs et ont riposté", selon cette source, indiquant que "des vérifications sont en cours" sur le bilan.

Un député de l'Ituri, Gracien Iracan, a fait état de son côté d'une soixantaine de morts au total.

"Mais il y a des corps qui continuent à être découverts, donc le bilan risque de s'alourdir.Il y a encore beaucoup de blessés en brousse, où tout le monde a fui", a expliqué à l'AFP M. Iracan.

"Les assaillants sont arrivés en très grand nombre.L'attaque était bien ciblée, avec deux responsables locaux qui ont été tués", a-t-il ajouté, n'excluant pas "un règlement de comptes".

"L'attaque a eu lieu autour d'01H00 du matin.Des enfants, des vieillards figurent parmi les tués.Nous pensons que c'est la même équipe" qui a perpétré les deux attaques, a déclaré par téléphone à l'AFP le président de la communauté Nyali de Tshabi.

"Nous sommes en train en train de préparer les enterrements en ce moment", a-t-il précisé."Les militaires sont en nombre très réduit ici.Ce matin un renfort avec un hélicoptère de combat est arrivé sur les lieux".

- Spéculations -

Un responsable de la société civile locale a attribué ces tueries aux rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF). 

Mais pour les deux responsables locaux interrogés par l'AFP, il est difficile d'attribuer ces attaques aux ADF, étant donné que d'autres conflits à caractère ethnique couvent, selon eux, dans la zone, notamment entre les Nyali et les Banyabwisha.Ces derniers sont des Hutu congolais d'origine rwandaise.

Les deux villages attaqués, distants d'environ 10 km, sont à la limite entre le Nord-Kivu et l'Ituri, dans une zone, frontalière avec l'Ouganda, où les ADF sont réputés actifs.

Les deux responsables locaux interrogés par l'AFP ont souligné qu'à environ 400 mètres du site attaqué, un autre, occupé majoritairement par les Banyabwisha, avait été épargné, alimentant localement les spéculations sur l'identité des assaillants.

Sans s'exprimer sur ce point, l'armée a indiqué que parmi les 53 morts, on comptait 49 Nyali.

Province aurifère à la frontière avec l'Ouganda et le Soudan du Sud, l'Ituri a longtemps été troublée par les violences et les massacres au cours des trois dernières décennies.

Entre 1999 et 2003, un conflit communautaire y avait fait des dizaines de milliers de morts.Des membres des communautés Lendu et Hema s'étaient entretués par milices interposées jusqu'à l'intervention en 2003 de la Force européenne Artémis, sous commandement français.

Après quelques années d'accalmie, les violences sont réapparues dans la province depuis décembre 2017, mais plus au nord, dans le territoire de Djugu, avant de toucher aussi les territoires d'Irumu, Mahagi et Aru, sur la façade orientale de l'Ituri.

Elles sont imputées aux membres d'un groupe Maï-Maï appelée Coopérative pour le développement du Congo (Codeco), qui prétend défendre les intérêts des Lendu, aujourd'hui scindé en plusieurs factions rivales.

Quand aux ADF, ils ont multiplié ces derniers mois leurs attaques meurtrières plus au sud, dans la province du Nord-Kivu, mais des massacres leur ont également été attribués en Ituri, dans des zones limitrophes du Nord-Kivu.

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