La campagne électorale pour la présidentielle du 8 avril a officiellement commencé vendredi à Djibouti où le président sortant Ismaël Omar Guelleh, sans véritable adversaire mais fragilisé par une récente contestation dans la rue, est assuré de l'emporter.
Pour ce quatrième scrutin présidentiel depuis l'indépendance de la République de Djibouti en 1977, M. Guelleh, au pouvoir depuis 1999, affrontera un unique candidat "indépendant", Mohamed Warsama Ragueh.
Les deux principales coalition de l'opposition, l'Union pour l'alternance démocratique (UAD) et l'Union des mouvements démocratiques (UMD), boycottent une nouvelle fois l'élection, faute de s'être entendues sur un candidat commun, et parce qu'elles contestent l'indépendance de la Commission électorale (Ceni).
Près de 152.000 électeurs sont appelés aux urnes dans cette ancienne colonie française bénéficiant d'une position stratégique hors pair à l'entrée de la mer Rouge, le long d'une des voies maritimes les plus fréquentées au monde.
Djibouti abrite la principale base militaire française à l'étranger, l'unique base militaire américaine sur le continent africain, et depuis 2010 une base japonaise.
Le pays est devenu la pièce maîtresse de la lutte antiterroriste des Etats-Unis dans la Corne de l'Afrique et joue désormais un rôle majeur dans la lutte contre les pirates somaliens qui infestent le Golfe d'Aden et l'océan Indien.
Avec près de 820.000 habitants, dont plus de la moitié vivent dans la capitale, Djibouti est majoritairement peuplé d'Afar et d'Issas, avec une Constitution qui prévoit une répartition du pouvoir entre ces deux groupes.
Ancien chef de cabinet du premier président djiboutien Hassan Gouled Aptidon (1977-1999), Ismäel Omar Guelleh lui avait succédé en 1999 à la tête du pays.
Il a été le seul candidat à la présidentielle de 2005, l'opposition ayant appelé au boycott.En avril 2010, le Parlement, acquis à sa cause, a voté une réforme constitutionnelle lui permettant de se représenter pour un troisième mandat.
Face une opposition fragmentée et sous la pression constante du pouvoir, la réélection d'Omar Guelleh aurait donc dû être une simple formalité.C'était sans compter sur le vent de liberté qui souffle sur tout le monde arabe et n'a pas épargné Djibouti.
Après des rassemblements d'étudiants début février, plusieurs milliers de sympathisants de l'opposition, se revendiquant des révolutions égyptienne et tunisienne, ont manifesté dans la capitale le 18 février pour exiger le départ du "dictateur IOG" (Ismaël Omar Guelleh).
La manifestation, sans doute la plus importante contestation de rue depuis l'indépendance, a donné lieu à de violents incidents avec les forces de l'ordre et fait au moins deux morts, selon un bilan officiel.
Inquiet d'une possible contagion, le régime a depuis lors encore accru la pression policière sur l'opposition, désormais interdite de manifestation et dont plusieurs représentants ont été interpellés.
Autre signe de nervosité du pouvoir: l'expulsion début mars de l'ONG américaine Democracy International (DI), qui oeuvre en faveur de la bonne gouvernance mais dont le comportement était devenu "préoccupant", selon les autorités.
L'enjeu du scrutin se résume donc essentiellement à une hypothétique reprise de la contestation anti-régime et au taux d'abstention.
"Même si nous sommes à peu près certain de l'emporter face à ce parfait inconnu qu'est M. Warsama, l'UMP (coalition au pouvoir) reste mobilisée" derrière le chef de l'Etat, afin que "la population aille massivement voter le 8 avril", assure un membre du comité exécutif de l'UMP, Ali Barkat Siradj.
Une autre inconnue sera la stratégie du FRUD, l'ex-rébellion Afar, qui pourrait être tentée de perturber le scrutin par un coup d'éclat.
Plusieurs meetings sont prévus dès ce vendredi dans la capitale.
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