Tôt le matin, un cortège de 34 bus et d'une dizaine de camions a pris la direction de Sake, à 26 km à l'ouest de Goma, où des dizaines de milliers de personnes se sont repliées depuis la coulée de lave du 22 mai.
"Il y a des risques de choléra à Sake qui compte 65.000 habitants.Les points d'eau et les infrastructures sont limités et maintenant submergés par plus de 120.000 personnes qui ont fui Goma", a mis en garde le Haut commissariat de l'ONU aux Réfugiés (HCR).
Dans la foule de ces déplacés, Béatrice Assumani, mère de quatre enfants, a les larmes aux yeux devant la mosquée de la petite ville."Maman Béatrice" dit avoir tout perdu dans le quartier Buhene où sa maison a été ravagée par la coulée de lave.
"Même si je rentre à Goma, je vais dormir où?Tous mes biens ont été réduits en cendres", se lamente-t-elle.
"C'est bien de rejoindre Goma, mais pour dormir où et manger quoi?", renchérit Espérance Léonard, originaire du même quartier de Buhene au nord de Goma, touchée par la lave."Même ici, nous n'avons pas reçu d'assistance.Comment allons-nous survivre?".
Les inquiétudes des simples gens n'ébranlent pas l'optimisme administratif des autorités.
Le "retour progressif" des déplacés a été annoncé lundi à Goma par le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde, qui a souligné: "les zones ravagées par les laves ne seront pas habitées".
- "Pas un haricot" -
"Nous nous réjouissons de ce retour.Nous estimons qu'environ 17.000 Gomatraciens vont dormir ce soir à Goma", s'est exclamé Joseph Makundi, coordonnateur de la protection civile au Nord-Kivu.
"Ici nous enregistrons les sinistrés pour leur apporter de l'aide à Goma", précise-t-il à l'AFP.
Insensible à la parole officielle, Emergence Musimwa Muhugule redoute un retour vers l'enfer.
"Je suis en colère.Nous avions fui mais je n'ai reçu aucune aide, ni bâche ni riz ni même des haricots.Ayant perdu tous mes biens, comment je vais reprendre ma vie d'hier?".
"Nous sommes contents bien sûr, mais pour quelle suite?J'ai fui en laissant la porte ouverte", s'inquiète Bahati Shirungu, habitant du quartier Mabanga, allusion au possible pillage en son absence.
Le trajet pour Goma prend environ une heure, avec en ligne de mire les eaux étales du lac Kivu sur la droite.
La plupart des déplacés avaient été évacués le 27 mai 2021 sur ordre du gouverneur du Nord-Kivu.Les autorités redoutaient une nouvelle éruption, avec l’apparition de lave au coeur même de la ville, voire la libération, de poches de gaz méthane stockées dans les eaux du lac, un scénario catastrophe qui se serait inévitablement soldé par des milliers de morts.
À son arrivée à Goma, Valentine Kazingufu retrouve son quartier de Majengo, où la lave s'est arrêtée à quelques mètres.Cette mère de cinq enfants reste inquiète.
"Nous remercions le Seigneur qui vient de permettre que nous arrivions à Goma.Avant l'éruption du volcan, je vivais dans une maison, mais aujourd'hui, je n'ai rien", constate-t-elle avec fatalisme.
"Je viens habiter chez mon grand frère.Voilà, ici nous sommes déjà à 15 personnes.Je ne sais pas comment nous allons manger et dormir la nuit.Nous demandons l'intervention des autorités et humanitaires", lance-t-elle.
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